le péplum vous salue bien

Il exhibe de gros biceps, court en jupette et accessoirement sauve le monde antique des pires tyrans après avoir accompli ses travaux. On trouve aussi une cité engloutie, des éruptions volcaniques dont une est restée célèbre jusqu’a nos jours. Ne pas oublier quelques courses de chars mémorables, des batailles navales, plusieurs révoltes d’esclaves et un type qui fait 42 km et des poussières… Sans parler des dieux qui, sur le pas de porte de l’Olympe, papotent en toute quiétude de l’avenir de l’univers. La liste est aussi longue que peut être magnifique le nez de Cléopâtre. La reine parmi les reines, se trouve en couverture du dictionnaire du Péplum, concocté par Claude Aziza chez Vendémiaire. 

Dictionnaire savant et plaisant à sortir de son sac de plage en regardant le bleu de la mer et tenter d’apercevoir dans la chaleur trouble de l’horizon,  la galère de Jason ou celle d’Ulysse revenant de son périple. La passion colle aux pages du dico avec autant d’entrées qu’il y a de rêves : 600 et plus de 3 000 films référencés; notre imaginaire ne peut que galoper. Les protagonistes sont là, nourrissant l’Histoire et la légende : comédiens, actrices mais aussi hommes de l’images, écrivains et scénaristes. Nous plongeons, tête la première, et nous voguons, guidés par une écriture codifiée que nous entretenons. Claude Aziza nous offre un voyage qu’Ulysse n’aurait pas renié. Il aurait repris le tangage le gaillard ! C’est bien là, la puissance du péplum. Un monde fantasmé dont la littérature, la BD et surtout le cinéma se sont emparés avec plus ou moins de bonheur en offrant au plus grand nombre une Antiquité imaginaire.  Le péplum vit sur un fantasme mythologique aussi complexe qu’il en est érudit. Puissance imaginative qui renvoie aux querelles de notre monde. La géostratégie de nos  conflits est aussi puissante que la décision des dieux de l’Olympe. Le film Jason et les Argonautes (1963) en est une parfaite illustration. Ce n’est pas le seul. Les codes scénaristiques des péplums ne sont pas si loin d’un cinéma politique italien que l’on retrouvera dans les années 70. Si une grande partie des films référencés sont des nanars qui font du bien à notre enfance oubliée, certains films ont valeur de symbole politique. La Chute de l’Empire romain (1964) en est un parfait exemple. La dislocation de l’unité au profit mercantile du communautarisme (ici les tribus et autres pouvoirs tribuns) nous rappelle bien notre présent. Le péplum est un genre qui doucement disparaîtra avec l’arrivée du western dont le père, Sergio Leone, et aussi l’annonceur avec son Colosse de Rhode de la fin d’un genre. Le dictionnaire est une œuvre à part. On l’ouvre à la page que l’on veut et on se laisse entraîner. Page 274 par exemple. Un nom : Steve Reeves, acteur et Monsieur Univers. Athlète qui ne ménage pas sa peine. Il deviendra “LE” Hercule. Qu’on se le dise, haut et fort. Le dictionnaire du péplum est une aventure herculéenne qui mérite le respect. Livre à lire pour le plaisir simple de tutoyer les dieux..