150 ans de feuilletonnades

Vous n’aurez pas assez ni des doigts de vos mains ni des doigts de vos pieds pour compter le nombre d’adaptations des romans d’Alexandre Dumas au cinéma. Alexandre Dumas Davy de La Pailleterie naît le 24 juillet 1802 à Villers-Cotterêts (Aisne) et décède à Dieppe en 1870. Il y a cent cinquante ans.
 
Apprenti chez un notaire, il est rapidement promu clerc grâce à sa calligraphie exceptionnelle. Une belle écriture qui le mènera avec succès à l’imaginaire théâtrale. Alexandre Dumas se tournera ensuite vers le roman avec l’aide d’Auguste Maquet, qui deviendra son documentaliste et pré-rédacteur – c’est mieux que d’écrire “nègre”-, dont le quotidien Le Siècle sous la houlette d’Emile de Girardin (créateur du roman feuilleton) fera ses choux gras. C’est à quatre mains que naîtront les romans feuilletonnesques qui enflammeront les lecteurs. Ces chefs-d’œuvre que nous connaissons. Alors combien d’adaptations ? Combien de bougies pour fêter le romancier ? Avec Victor Hugo, c’est l’auteur français le plus adapté. Ne pas oublier Georges Simenon qui est loin de faire de la figuration. « Mille fois, tu remettras ton ouvrage sur le métier », c’est un peu ce que pensent les différents scénaristes qui se succèdent à chaque nouvelle version des Trois Mousquetaires (Les ferrets de la Reine). L’œuvre la plus adaptée au cinéma n’en finit pas de révéler ses secrets sous l’imaginaire des auteurs. Il faut cocher à la liste des courses, la seconde partie du premier volume des Trois Mousquetaires (Milady). Un pas de côté pour noter l’excellent l’Étroit mousquetaire de Max Linder (1922), tout comme quelques bizarreries en marge de la page, comme Zorro et les Trois Mousquetaires ou encore Les Exploits amoureux des trois Mousquetaires. Vingt-ans après ne sera adapté que trois fois quand au Vicomte de Bragelonne on retiendra surtout l’épisode très plausible du Masque de Fer (supposé être le frère jumeau de  Louis XIV). Une énigme historique titillera les réalisateurs dès le début du cinéma. Une des meilleures versions est due à Allan Dwan à la fin de la période du muet en 1929 avec Douglas Fairbanks. Le Comte de Monte-Cristo fera lui aussi les beaux jours du grand écran avec un grand nombre d’adaptations. La vengeance a toujours été un bon ressort dramaturgique. Retenons deux films, très différents, qui méritent le coup d’œil : un film argentin El conde de Monte Cristo (1953) de León Klimovsky et le film fleuve du réalisateur Claude Autant-Lara avec Louis Jourdan (1961). La liste est longue des 23 adaptations cinématographiques réalisées à ce jour. La Reine Margaux fera également l’objet de plusieurs films dont celui, marquant, de Patrice Chéreau (1994). Par curiosité, on pourra découvrir l’adaptation de Jean Dréville en 1954. On ne parle pas assez de la télévision qui jettera son dévolu sur des œuvres moins connues comme Le Chevalier de Maison-Rouge qui révèlera Michel Le Royer en 1963. Le cinéma s’est tout de même emparé du Chevalier, voir la réalisation d’Albert Capellani sortie en 1914 à la veille de la Première Guerre mondiale. La télévision puisera dans divers romans comme Joseph Balsamo, la Dame de Monsoreau ou encore Les Mohicans de Paris, Les Compagnons de Jéhu. Vous retrouverez sur le site de l’INA plusieurs adaptations télévisuelles des œuvres d’Alexandre Dumas. Un site à découvrir sans modération, un livre de Dumas à la main.