1er Invité : PATRICK PÉCHEROT

Jean-Pierre Mocky le titille autant que Nestor Burma pour lequel il a repris la plume de Léo Malet afin de compléter la collection des vingt arrondissements parisiens. En août, en plein cagnard, son dernier livre, Pour tout bagage, était de sortie dans toutes les bonnes librairies, il l’est encore et le restera longtemps. Un rafraîchissant roman de 170 pages. La jauge idéale pour ne pas se perdre dans les méandres phrasés de beaucoup. Souvenons-nous que Simenon ne disait pas autre chose. Un Maigret ne devait qu’exceptionnellement dépasser une heure et demi de lecture, le tempo parfait d’un long métrage.
Une écriture cinématographique. Tout est là. Les mots, les phrases, autant de scènes, de plans séquences qui composent la narration filmique du dernier ouvrage de Patrick Pécherot. Sans oublier ce que beaucoup connaissent peu ou prou. Les séances kodackromes,  (diapositives), ce moment de la mémoire retrouvée, de photos projetées qui parsèment les chapitres comme autant de portes à entrouvrir sur un temps suspendu aux souvenirs. Celui des années 70. La guérilla urbaine en héritage de l’année 68 et des guitares armées. Un groupuscule anarchiste pour modèle. Et la mort qui s’invite, par erreur ? Défigurant l’action du groupe qui dans voulait ressembler aux personnages du dessinateur Forton. L’arnarchisme généreux. Il n’en sera rien. La balle perdue va gâcher l’avenir du club des cinq. Quatre garçons et une fille. Une lettre anonyme s’invitera des années plus tard pour remettre tout sur le tapis. « Pour voir » diraient les joueurs d’un poker menteur.
Pour tout bagage a la couleur granuleuse des films militants en 16 mm.
Un thriller qui hume le social, le générationnel, la musique, la littérature, le 7ème art et les convictions. Franco n’est pas mort et l’Espagne est réfrigérée par la censure qui fige un temps que l’on ne savait pas encore révolu. Vous voilà plongé dans un monde aujourd’hui oublié. Feuilletez les pages du roman comme un retour originel, celui d’une retrouvaille historique. Un mouvement révolutionnaire dont le nom, Gari (1), évoquait de lointain souvenirs, des lendemains qui avaient le goût des cerises. Celui qu’une génération n’oublie pas tout à fait.
 
(1) Hommage aux prisonniers politiques exécutés par le régime franquiste, garrotés (exécution capitale en Espagne).