FILMER, JUGER

L’ouvrage de Christian Delage est une version augmentée d’un premier livre paru en 2006. La vérité par l’image, de Nuremberg aux procès de Milosevic. Filmer dans le prétoire est nouveau, pas pour  Le 7e Art qui aime les tribunaux, théâtre d’échange, d’envolées, de confrontations, de joutes verbales, de retournement de situations, du doute. Un genre à lui tout seul. Justice et tribunaux populaires. On vogue entre la l’égalité du droit (Douze hommes en colère de Sidney Lumet) et du tribunal improvisé et illégitime dans la scène finale de ( M-Le Maudit de Fritz Lang ), lorsque la justice semble impuissance à découvrir le coupable ! La fiction colle à la peau des divers représentations, des tractations qui en découlent, des bruits de couloirs qui peuvent faire pencher la balance, du doute des jurés, de l’intime conviction. L’énigme se loge dans la rhétorique des avocats, du verbe du procureur. C’est le temps qui fait le suspens.  Quand est-il de la réalité que décrypte dans son ouvrage Christian Delage ? Filmer, juger – Editions Folio-Histoire -, retrace cet historique qui prend naissance en 1945. 50 ans après la naissance du cinéma : le procès de Nuremberg. Filmer pour la preuve, devenir un outil pédagogique, d’historiens et surtout combattre le négationnisme. Ancrer l’histoire filmée, dans l’Histoire. L’aventure que nous conte l’auteur est celle d’une réflexion : Filmer est-il une preuve ? Un témoignage enregistré sur pellicule a-t-il la même importance que celui donné à la barre. La véracité des images comme témoignages objectifs ? Qu’est-ce qu’une image, juste une image ou une image juste ? Christian Delage nous offre ses réflexions, reprenant  point par point ce partenariat entre le cinéma et l’interrogation des faits sociétaux. Celui aujourd’hui du temps de l’instant.