3eme invité : REMBRANDT SOUS L’ESCALIER

Sommes-nous au théâtre, devant une scène ? Peut-être pas ? Il suffit d’une tâche lumineuse orientée avec souplesse par Johanna Boyer-Dilolo (création lumière) pour comprendre l’importance de l’espace, reconnaître la profondeur picturale d’une œuvre. Celle d’une vie, Rembrandt. Un clair obscur pour toute signature. Depuis le 6 avril, et ceux jusqu’au 8 juin tout les jeudis à 19h, au théâtre de l’Essaïon, Elsa Saladin aux manettes de la mise en scène, Christophe Delessard dans le rôle de Rembrandt, Éric Belkheir dans celui du père. La violoniste Consuelo Lepauw qui par son double jeu d’archer module le caractère des deux femmes qui ont comblé la vie du peintre. Nous sommes en présence d’une mise en scène de la légèreté de l’etre. Sans outrance, en parfaite équilibre avec le texte de l’autrice Barbara Lecompte. Pourtant l’interrogation nous interpelle. Nous voilà figer devant cette œuvre présente au Louvre, le philosophe en méditation, (1632) – Elle nous hypnotise. Ce n’est pas la grandeur modeste de l’œuvre (29×33 cm) qui questionne mais son ressentit. Elle vibre par le poids de son silence. Il se love sur scène. L’ interrogation parcourt le plateau. Le travail sur scène, structuré ouvre les portes du regard, du questionnement, celle d’une vie. Entre fils et père, femmes aimées ? Peindre le temps et accepter que s’égraine le sablier. Combien de spectateurs, une fois la pièce vu, guideront leurs curiosités jusqu’au Louvre pour admirer l’interrogation de ce tableau ? Combien de visiteur de la salle 844, aile Richelieu, figés devant l’œuvre penseront au théâtre Essaïon, en se promettant de cocher sur leurs agendas l’heure 19h et le jour, le jeudi ? Un grand nombre certainement. Il est bon de faire bonne intelligence avec les arts et nos ressentis et de conjuguer nos émotions au temps des tréteaux.