L’aventure est sur l’écran. TCM propose une série de westerns de Budd Boetticher avec Randolph Scott galopant comme un héros de BD (Buck Jones). Cinq films que l’on peut découvrir en Replay. Comanche Station, La chevauchée de la vengeance, L’aventurier du Texas, Le courrier de l’or, Le vengeur agit au crépuscule… Un cinéma rythmé, ne dépassant pas les 70 minutes de projection. Des films qui ont comme seuls prétentions, celle de penser, que vous spectateur, allez passer du bon moment en attendant le « grand film ». Nous sommes dans les années ou le double programme était la règle. Un cinéma dont Budd Boetticher connaissait les règles sur le bout des doigts. Une idée déclenchant une action, qui elle même trouvait sa solution à la dernière minute du film. Un calibrage minutieux, dont la vengeance était souvent l’archétype déclencheur.
Flash-back sur se réalisateur qui accompagna tout au long de sa carrière, son comédien fétiche Randolph Scott.
Balle au pied, Budd Boetticher alors jeune joueur de football américain a déjà une belle carrière derrière lui lorsqu’un accident lui impose repos et réflexion. Sa convalescence se fera au Mexique où il raccrochera définitivement ses crampons pour entrer dans l’arène. Une découverte va chambouler le reste de sa vie : la corrida. C’en est décidé après sa rencontre avec le grand matador Lorenzo Garza dont il devient l’élève. Il finira sa formation avec Fermin Espinosa, le disciple de Garza. Les arènes ne quitteront plus Budd, jusque dans le sang. Il deviendra torero professionnel. La carrure est là ! L’avenir doit s’écrire sur le parterre cendré des arènes. Ses compétences reconnues, il est remarqué par des types d’Hollywood qui lui permettront de mettre un pied à l’étrier dans le cinéma en devenant conseiller technique du film Arènes sanglantes (1941) de Rouben Mamoulian, un remake du film de 1922 dans lequel jouait Rodolph Valentino. Le sportif n’oubliera pas de jouer des coudes pour éviter les embûches. Il sait se battre et marquera des points. Il accrochera un job d’assistant réalisateur sur une dizaine de films avant de prendre ses galons de réalisateur chez Columbia. La Dame et le Toréador (1951) nominé aux Oscars le fera sortir de l’ornière en lui ouvrant les portes d’Universal. Neuf films d’une facture indolore suivront et une rencontre : John Wayne qui termine La Prisonnière du désert. Ils sympathisent et, via la société de production du Duke, il réalise Sept hommes à abattre avec Randolph Scott. Acteur dont Budd Boetticher a fait connaissance sur Les Desperados et avec qui il partagera l’affiche de sept longs métrages. La machine est en marche. Malgré des budgets confortables lui permettant d’engager Glenn Ford, Audie Murphy, Robert Ryan et d’autres célébrités, ses films resteront bloquer au compteur des séries B. Mais Budd Boetticher n’est pas homme à se laisser enfermer par les lois des studios. Il claque la porte. Son indépendance proclamée l’entraîne à sortir des sentiers battus. Il crée sa société de production pour enfin réaliser un film sur Carlos Arruza, une grande figure de la tauromachie. Le long métrage qui doit être celui de toute une vie. On abandonne pas le centre des arènes comme ça ! Il va filmer 18 corridas. Une source d’images suffisamment importante pour nourrir sa fictIon. Un film qui le ruinera. Face à ses désaccords avec les producteurs mexicains, sa relation tumultueuse avec l’actrice Elsa Cardenas qui débouchera sur un scandale, les investisseurs retirent leurs financements laissant Budd Boetticher dans l’impossibilité de rembourser. Il lui faudra l’aide de son ami, le réalisateur John Sturges pour éponger ses dettes. Le film maléfique se terminera en 1968 et sortira en salle en 1971 dans l’indifférence générale. Hollywood a changé et Budd Boetticher a vieilli. Il ne remettra plus les pieds dans un studio. Universal achètera son dernier scénario mais l’évincera de la réalisation au profit de Don Siegel. Le film Sierra Torride avec Shirley Mac Laine et Clint Eastwood brillera sur les frontons des cinémas. Clap de fin d’un réalisateur que l’on a cantonné dans des films à petits budgets et qui avait comme seule passion les taureaux. Il finira sa vie comme éleveur de chevaux portugais. Une solitude cinématographique rappelant le personnage incarné par Randolph Scott. A l’Ouest, les héros ne meurent jamais tout à fait. Budd Boetticher fait partie de cette race-