Ron Rash, photographié dans un univers correspondant à ses écrits. L’attente et la détermination, mais aussi et surtout la couleur des Appalaches. (photo DR)
Un Silence Brutal Gallimard- La Noire – 19€
Ron Rash, photographed in a universe corresponding to his writings. The expectation and determination, but also and above all the color of the Appalachians. (photo DR)
L’Ouest raconte l’immobilisme. Pas celui de l’attentisme ! Non. Mais celui de l’Histoire américaine et de ses pionniers. Continent vierge de toutes lois. Terre magique, indienne, et celle du temps figé dans la mémoire des légendes, des écrivains. Ron Rash est né en 1953 année où Jack Kerouac commence à dérouler « Sur la route« . N’y voyez aucun rapprochement. Autre, que le temps, là encore. Celui du poète beatnik. Il s’égraine, le temps, au rythme des romans, à la manière d’un rouleau de papyrus que l’on déroule. Le temps de l’observation, le temps de la lecture. Les deux certainement ! Ron Rash a cette allure de trappeur qui sait ce que veut dire la sagesse du regard. Observer le temps. Le silence. Son écriture emprunte les chemins escarpés des Appalaches comme autant de pionniers à la recherche de l’éternité. Le futur n’y est pour rien. L’écrivain sait que ses écrits sont enracinés dans les méandres rocailleux des montagnes. Ron Rash murmure ses récits au vent . Il y a comme un enchantement à conter l’Histoire. Une force de l’écriture qui permet de part la description psychologique de ses personnages d’offrir le paysage comme répondant social. C’est aussi cela le polar. L’enivrement. Les mots qui vous attirent comme des guêpes que nous sommes. Le miel est là, dans l’impression des pages lues. Comme cela fait du bien, de retrouver un roman qui ne soit pas seulement un – « polar » – Excusez-moi, pour le terme trop galvaudé. Ici le noir s’écrit en lettre majuscule. Même si le doute s’inscrit entre les personnages. Car le roman de Ron Rash parle avant tout du doute. Doute écologique, doute sur l’avenir, doute sur la société humaine. Le roman noir est une écriture de la colère. L’auteur en est conscient, incarnant le romantisme d’une révolte e,n prose. Poète citoyen. Romancier à l’écriture fluide comme peut l’être les rivières tumultueuses traversant les Appalaches. Homme des bois, en héritage d’une génération oubliée. L’écrivain nous offre à travers sa fable (on est pas loin d’un La Fontaine) toute la problématique de la survie. En quoi sommes nous si différents des trappeurs qui ouvrirent la voie à la conquête de l’Ouest ? Rien. Sinon et c’est la question qui nous interroge : plus rien n’est à conquérir autre que nous même. Le roman de Ron Rash ne doit pas se résumer, mais se lire. Il en va, comme d’une œuvre picturale, le ressentiment, plutôt que la description.
The West tells of immobilization. Not the wait-and-see attitude! No. But that of American History and its pioneers. Continent virgin of all laws. Magical, Indian land, and that of time frozen in the memory of legends, writers. Ron Rash was born in 1953 when Jack Kerouac began to play « On the road ». Do not see any comparison. Other than time, there again. That of the poet Beatnik. It wanders, time, to the rhythm of the novels, like a roll of papyrus that is unrolled. The time of observation, the time of reading. Both certainly! Ron Rash looks like a trapper who knows what wisdom means. Observe the weather. The silence. His writing follows the steep paths of the Appalachians like so many pioneers in search of eternity. The future has nothing to do with it. The writer knows that his writings are rooted in the rocky meanders of the mountains. Ron Rash whispers his stories to the wind. There is an enchantment in telling History. A strength of writing which allows the psychological description of its characters to offer the landscape as a social respondent. This is also the thriller. The intoxication. The words that attract you like wasps that we are. Honey is there, in the impression of the pages read. How good it feels to find a novel that is not just a – « thriller » – Excuse me, for the term too hackneyed. Here black is written in capital letters. Even if there is doubt between the characters. Because Ron Rash’s novel speaks above all of doubt. Ecological doubt, doubt about the future, doubt about human society. The noir novel is a writing of anger. The author is aware of this, embodying the romanticism of a rebellion, prose. Citizen poet. Novelist with fluid writing as can be the tumultuous rivers crossing the Appalachians. Man of the woods, inherited from a forgotten generation. The writer offers us through his fable (we are not far from a La Fontaine) the whole problem of survival. How are we so different from the trappers who paved the way for the conquest of the West? Nothing. Otherwise, and this is the question that questions us: there is nothing left to conquer other than ourselves. Ron Rash’s novel should not be summed up, but read. It goes, like a pictorial work, resentment, rather than description.