Bruno Dumont, un funambule

L’idée de Jean-Max Méjean et de ses neuf co-auteurs est de nous faire redécouvrir les mille et unes facettes de ce réalisateur difficilement classable, tant le mot liberté colle à son langage cinématographique. Bruno Dumont n’est pas un auteur ordinaire. Il est extra-ordinaire par la simplicité à nous compter en images des histoires complexes. L’aventure de cet ouvrage : Bruno Dumont, un funambule de génie (chez Jacques Flament, Alternative Éditorial) à comme terrain de jeu, le confinement. Quand on s’ennuie, que fait-on ? On téléphone à des potes et l’on décide d’écrire un bouquin à plusieurs mains. Sur le cinéma de préférence. Bruno Dumont le mérite bien. L’ouvrage nous guide dans les méandres de sa création. Ces parcelles qui font bloc. Les doutes du cinéaste, ses recherches, le genre, beaucoup de questionnements qui mènent à la frontière de scénarios invisibles. Combien de fois remettra-t-il le métier sur l’établi pour enfin poser la caméra. Son dernier film, commencé en octobre 2019, n’est pas encore visible. Par un demi-clair matin avec Léa Seydoux et Blanche Gardin porte bien son titre. Une aube à peine visible se lève et pourtant tout semble encore si noir. Il est aussi un peu comme cela Bruno Dumont dans ce clair-obscure qui teinte l’esprit humain. Rien n’est tout à fait comme on voudrait le voir. N’est-ce pas le rôle du cinéma d’offrir la vraisemblance comme mise en scène de la réalité ? A travers la diversité des différents chapitres nous percevons les méandres, souvent complexes, qui peuvent mener à la création. Aussi limpide que ténébreuse, voire grave, dans l’approche. A l’actif du réalisateur : douze films dont deux courts métrages ainsi que deux mini-séries pour la télévision. Chacun puisera la pièce qui lui manque dans ce puzzle. Le livre Bruno Dumont, un funambule de génie donne une approche singulière d’un auteur. Mille facettes pour un portrait. Et lorsqu’il s’agit d’un réalisateur comme Bruno Dumont, vous pouvez être sûr que l’ouvrage est à la hauteur de la découverte. Le réalisateur de Jeanne, Ma Loute ou Camille Claudel 1915 n’y est peut-être pas tout à fait étranger. Il offre aux auteurs cette passion qui nous dévore. Celle du cinéma.