Dans l’égalité des vies

Ravachol est anarchiste (1859-1892). Sa violence est à la hauteur du désespoir social. Il sera guillotiné le 11 juillet 1892 à Montbrison. La mouvance anarchiste est multiple. Certains prendront des traverses moins compromettantes, même si nous savons où mène le pacifisme béat.  D’autres encore formeront l’identité d’un syndicat aujourd’hui réformiste. Enfin l’esprit libertaire se lovera dans une approche écologique. Proche des résistances  indiennes,  en réserves près de Notre-Dame des Landes. Un kaléidoscope qui montre bien toute la complexité que peut-être une approche unique, conventionnelle, tellement banale dans les propos, de ce mouvement révolutionnaire.  
Le film de Bernard Cerf est un documentaire décapant. Comprenez que sa forme libertaire colle au propos. Il organise ses images, interviews et documents dans la justesse d’un montage qui offre, à ceux qui veulent bien le voir, une écriture libre, poétique, à découvrir. Une perception sensorielle des propos. Est-ce que le cinéma n’est pas un outil de connaissance ? N’a-t-il pas été conçu comme cela par les frères Lumières avant que Méliès le détourne et retourne la caméra vers l’imaginaire ? Réaliser un film comme Ravachol peut, reconnaissons le, perturber. N’est-ce pas le bût ! Briser les certitudes installées.  Le cinéma, dans ses expérimentations dépoussièrent  nos pensées trop souvent formatées. Ravachol le film  de Bernard Cerf est à découvrir sur dvd, chez les Mutins de Pangée pour l’ instant. Alors que  il mérite le grand écran. Ravachol nous parle et perturbe. On n’a pas besoin d’être de mouvance anarchiste pour que nos tripes se retournent comme une crêpe. C’est peut-être l’autre grande qualité du film. Oser !

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