Destin animé

VILLE NEUVE, un film de Félix Dufour-Laperrière

Le dessin d’un destin qui s’anime. Le tracé souple d’un noir et blanc transparent qui se prolonge de plans en séquences, au service d’un conte pour adultes. Faut-il penser numérique pour croire à la perfection d’une animation ? L’héritage que nous offre le réalisateur est celui des calligraphies nippones. Tracés souples et sans violence qui imprègnent le papier, qui le nourrissent. Ainsi, dans les déliés, le temps s’inscrit dans la narration. On ne brusque pas le regard, on apprend à vivre avec cette lenteur qui fait toute la force du film. Une belle impression, celle de croire que le pinceau est continuellement en suspension pour éviter d’écraser le noir, couleur dominante.  Le travail du réalisateur canadien (québecois) Félix Dufour-Laperrière dégage un sentiment heureux d’apesanteur, malgré le propos du film.
Il a su jouer avec le minimalisme. Ne pas encombrer l’histoire de superflu. On retrouve tout au long de l’animation cette volonté de l’essentiel. Une démarche qui est l’atout du film, une de ses des lignes de force. Félix Dufour-Laperrière a su lier le lien que le film offre au spectateur. Comprenez que vous n’êtes pas seulement public, mais acteur de votre regard, comme dans une exposition. Face à un tableau, une sculpture, vous vous projetez dans l’œuvre pour vous en imprégner, vous en offrir une parcelle artistique. Il en va de même ici, sur grand écran. Ce film est une œuvre picturale qui vous transporte bien au-delà  de l’écran. Laissez-vous emporter et ne pensez pas qu’un film d’animation est réservé aux enfants. C’est faux. La preuve en allant découvrir Ville Neuve. Une belle initiation.