Epinal

Les indispensables devinettes qui ont fait le succès des Images d’Épinal jusqu’au début du XXe siècle

L'IMAGE A UN SOU

Le début du XIXe siècle est un siècle d’images. La lanterne magique le prouve. Elle entre chez les aristocrates, ou ce qu’il en reste, par la grande porte pour amuser le salon puis franchit la fenêtre des bourgeois fortunés pour terminer par l’office des tavernes. L’image n’est pas encore animée qu’elle suscite déjà de l’intérêt. Projetée, elle offre un autre voyage. Le dessin devient plus grand, plus fantasque, démultipliant l’humeur. Le Trésor d’Épinal, imagerie populaire de Christelle Rochette et Jennifer Heim est une plongée dans un monde difficilement imaginable aujourd’hui, caricatural et pourtant parfaitement représentatif de ce XIXe siècle. L’image d’Épinal comme support. Une apogée que l’on peut découvrir au musée de l’Image d’Épinal qui regroupe cette aventure imprimée dans une collection de 110 000 pièces. L’imagerie populaire y est à l’honneur. Contemporaine de la naissance de la photographie, à deux cases de ce qui deviendra la bande dessinée. A lire le passionnant chapitre sur l’aventure de l’impression. Chapitre après chapitre, on pénètre dans un musée riche en information. Il n’y a pas de tabou dans l’imagerie. Un peu, reconnaissons-le, de gloriole militaire qui n’est pas loin. L’important au XIXe siècle n’est-il pas d’apprendre en s’amusant ? La vie, la mort, les rapports entre Dieu et les hommes mais aussi entre les femmes et les hommes. A découvrir avec malice les planches dites monde à l’envers… Un charivari social où tout le monde “normal est inversé”. Celui des enfants et des parents, l’argent, le pouvoir, la caricature du politique. Rien de bien nouveau que nous ne connaissions déjà. Le XIXe siècle n’avait pas son crayon dans la poche et l’on se dit en regardant ces planches, qu’aujourd’hui, dans notre monde où rien ne doit plus dépasser, il serait de bon ton de prendre modèle sur cette aventure dessinée du XIXe. Ce qui a fait la grande attraction des images d’Épinal, ce n’est pas l’alphabet, le degré des âges, la reconstitution des grandes batailles napoléoniennes, non ! C’est la devinette ! Cette case où se trouve dissimulé dans le dessin même un protagoniste qu’il faut découvrir. Une aventure dont les planches deviennent sociales et qui sous couvert d’ironie mettent à plat les inquiétudes de toute une population dans les dessins satiriques “Le Crédit est mort”. Ce retour vers le passé est loin d’être désuet. Il nous fait comprendre que ces imageries sorties des entreprises dont Pellerin, la plus connue, sont en écho avec notre présent.