RE-NAISSANCE
Voilà un titre qui a la couleur d’un champ de coquelicots. Couleur fragile de l’espoir. La belle équipe est à nouveau là, sur le pont. Avait-elle quitté le navire lors des turbulence de l’an 2020 ? Non ! La Belle Équipe, voilà le titre qui convient. Une aventure collective qui ne se disloque pas face aux vents contraires. L’équipe de Gindou réussit là où dans la première version du film de Julien Duvivier (1936) l’amitié de la bande de potes se fracasse. Ici, on tient bon. A bord, il ne manque pas un membre de l’équipage. Bénévoles et permanents dans un même élan. Malgré les turbulences annoncées, du choléra à la peste sans oublier pour certains, la rage à la bouche. Le scintillement de la vie est à nouveau présent aux 37es Rencontres Gindou Cinéma. Un renouveau. Une sensation de respirer un cinéma que l’on croyait enfoui sous quelques volontés sécuritaires, asphyxiant le besoin de liberté. Même si les repères ne sont pas tous aux rendez-vous, le territoire est reconnaissable. On y retrouve ses marques. L’aventure sur grand écran, celui du cinéma d’auteur-re dans sa diversité qui colle à Gindou. Respirez citoyens, nous voilà de nouveau le bec dans l’image. Nous gommerons le couple surprise venu incognito qui a su cultiver la discrétion pour ne pas parasiter l’ouverture. La vedette reste le 7e Art. Servir le cinéma est un rôle complexe, savoir offrir la curiosité comme fil conducteur est une affaire de doigté que réussit une nouvelle fois l’équipe de Gindou guidée par Sébastien Lasserre et Marie Virgo. Cette année, l’invitée est la réalisatrice Marie-Claude Treilhou, une rétrospective et une retrouvaille avec des films rares qui sentent bon ce travail social hérité d’un père ouvrier à la SNCF. C’est un cheminement logique qui nous accompagne, de Simone Barbès ou la vertu (1980) au documentaire Comme Si, Comme Çà (2019) voilà quinze films de dialogues où la parole possède autant d’importance que le filmage. Paroles, ne veut surtout pas dire remplissage, bavardage. Les silences sont là, accompagnant le verbe pour mieux densifier les propos. Entre documentaire et fiction, le cinéma de Marie Claude Treilhou est poreux, il nous donne à voyager au-delà des codes. Codes, que les réalisateurs -trices s’ingénient à détourner et que l’on peut découvrir dans Les vagabondages cinématographiques (courts et longs). Rien à ajouter ? Si,imaginer. Cultiver sa curiosité en découvrant la section Caméras sénégalaises dont la Cinémathèque de Toulouse propose quelques joyaux. Courts et longs. Des cinémas de la re-naissance. A Gindou, il y a des parallèles qui se rejoignent. Et toujours pérenne, La Ruche pépinière de jeunes auteurs qui n’en finit pas de bourdonner, tout comme l’accueil en résidence de l’atelier d’écriture long métrage… Le goût des autres est celui que l’on ne connaît pas et qu’il faut absolument découvrir surtout lorsqu’il s’agit d’adolescents de la Nouvelle Aquitaine qui manient la plume comme on tient une caméra. L’ouverture à l’autre et le vivre ensemble, thème de cette année. En voilà un scénario qui mérite, par les temps qui courent, d’être adapté deux fois plutôt qu’une. Le menu est riche, mais on ne prend pas de poids. Mais que serait Gindou sans le livre ? Il manquerait quelque chose. Le cinéma est aussi littérature et la librairie-Tartinerie de Sarrant ouvre ses portes tous les jours à des rencontres à 12h30 autour d’un verre et de discussions entre professionnelles et public. Ainsi s’écoule le présent au pays de Gindou, au rythme lent et voulu d’une découverte, comme en son temps Stevenson sur les chemins des Cévennes avec son âne Modestine. Il y a aussi de cela, en y regardant de plus près d’affiche. L’essence même de la manifestation. Tracer la liberté.