Boucaniers de l'Info
Les battements du cœur sont synchrones avec le scintillement de l’image. Sinon pourquoi les frères lumières auraient-ils inventé le cinématographe ? Le 7e Art a puisé son essence dans le documentaire. Montrer. Si la fiction a supplanté le besoin de découverte cela n’a pas empêché le documentaire d’atteindre l’âge adulte. Aujourd’hui, il est une force d’images et de paroles. Une proposition qui déborde la fiction dans le fait social. Il offre au spectacle la dénonciation des travers politiques qui touchent au fondement de notre société. Liberté ! Jusqu’où ? La Liberté ou la mort hurlaient des révolutionnaire de 89. La mort, justement, est là. Le suicide peut s’inviter et nourrir le désespoir de Julian Assange. Un homme condamné, chassé par les États-Unis qui veulent son scalp pour divulgation de secrets hautement sécurisés, alors que Julian Assange, patron de WikiLeaks, ne faisait que son job de journaliste. Détenu aujourd’hui à la prison de haute sécurité de Belmarsh à l’est de Londres, il est isolé dans la solitude de l’attente. Même si la demande d’extradition a été rejetée, pour l’instant, Julian Assange n’est pas à l’abri des coups tordus. Les quatre murs de sa cellule ne sont pas là pour le protéger. L’inquiétude est grande aujourd’hui à la veille d’une nouvelle demande d’extradition par les Etats-Unis. En cela le film documentaire de Clara Lopez Rusio et Juan Pancarbo peut devenir sinon un rempart, au moins une palissade. Hissez haut Jolly Roger, et reconnaissez-vous dans la confrérie des frères de la côte. Lorsque la justice n’est plus du domaine des hommes mais des structures politiques, le pire est à venir. La rampante normalisation totalitariste d’une société qui ne demande qu’à marcher au pas. Documentaire « pirate » voguant dans un maximum de salles, ouvrir les débats comme autant de bouches à canons. Le film est un appel d’air. Les embruns dépoussièrent nos idées sclérosées. Savoir regarder autrement. S’engouffrer dans une salle et découvrir la puissance de Hacking Justice qui, par son montage, son verbe, sa précision et sa rigueur, offre une enquête qui n’en finit pas de nous interpeller. Il est rare qu’un film face autant de bien. Vous en ressortirez avec l’âme militant. C’est un mot indispensable. Loin d’être ringard, il donne même de l’espoir. Souvenez-en lorsque vous suivrez le long périple de Julian Assange ( l’équipe de tournage est resté en contact régulier pendant neuf années) qui démontre preuve à la clé, que les méandres politiques et de pressions sont loin d’être du ressort de la seule fiction. La machine judiciaire et les pressions diplomatiques sont bien réelles. Parfaitement huilée, elle broie tout ce qui l’indispose. Julian Assange est à défendre. La liberté n’est qu’une illusion que l’on veut nous faire croire réelle. La force du film Hacking Justice nous prouve une chose, aussi vieille que peut-être les révoltes, la liberté n’est pas un mot définitivement écrit dans du marbre.