JO NESBØ

DR. Représentation d’Invidia déesse de l’envie et de la jalousie dans la Rome Antique, héritière de Phtonos dévinité Grec de la jalousie









LE CINQUIÈME
PÉCHÉ CAPITAL

La jalousie est-elle soluble dans le meurtre ? Naturellement ! C’est même l’une des compagnes les plus fidèles du crime. Un ingrédient perfide plongé dans le banalité de la vie. Elle prend sa source dans le doute et termine par nourrir la pulsion de vengeance. Même si le crime n’est pas au rendez-vous, le pourrissement est là ! La jalousie gangrène le sens des mots, la loyauté, questionne le regard de l’autre. Vous voilà au banc de l’amitié. On croyait en votre bonne foi, elle n’est que la bile de la rancœur. La jalousie a le goût de l’inachevé. Oser ! Passer à l’acte pour se libérer et se débarrasser de ce venin. Le  prétexte, bon conseiller, devient Jiminy Cricket, conscience d’une rancœur mûrie, malaxée, décomplexée. C’est noté et écrit, sans emphase par Jo Nesbø. Reconnaissons le plaisir entier qu’à un auteur à tremper sa plume dans la noirceur d’un Hitchcock. A vous lecteur de découvrir la complicité que le patron du polar scandinave cultive avec le cinéaste, les empreintes de Patricia Highsmith affleurent également. Un rendez-vous mortel, avec comme lien cette danse macabre autour d’un totem, Phtonos. Dieu enfanté par Aphrodite et cultivant l’art de la jalousie comme un noble art. Phtonos, titre de la seconde nouvelle et pilier de l’ouvrage. Il ouvre les portes à cette perversion qui mène les lecteurs.trices au frémissement oublié depuis longtemps. Qu’il est bon de plonger dans l’univers macabre, démoniaque, le temps de la lecture. Sortir des préjugés, encore que ! La jalousie vous gagnerait-elle ? Ne sentez-vous pas la montée de la rancœur ? La jalousie vous travaille et se cultive au fil des pages, nourrissant votre dilemme. Une fois posé le livre,  regardez bien autour de vous !  De qui êtes-vous le.la plus envieux.se?  Ainsi s’écrit le destin, et les nouvelles rassemblées pour la première fois tricotent avec soin nos sombres pensées. Il faut s’en réjouir. Le doute et la jalousie font un magistral pas de deux autour de Phtonos. On pourrait même inviter le faune à danser au banquet des peurs. L’auteur norvégien puise avec malice dans ce vaste continent aux turpitudes multiples. Sept nouvelles à vous brûler l’estomac. Si la jalousie tue à petit feu, elle en devient sous la plume de Jo Nesbø un art à consommer sans modération. Suffoquons devant les variantes proposées. Du raffinement bourgeois à la résignation d’une vendeuse issue de l’immigration. Faut-il parler du chauffeur de taxi humilié par sa femme, aux pulsions d’un éboueur ? Que penser de ce photographe, artiste raté à la préméditation glacée… Le menu est à feuilleter à votre rythme, toujours avec gourmandise. Les vacances ne sont pas terminées et vous avez un mois pour que l’été laisse la place à l’automne. Voilà un avantage qu’il ne faut pas négliger. Le temps de lecture. Le dernier opus de Jo Nesbø regroupant sept nouvelles, comme la symbolique des péchés capitaux, offre au lecteur la pulsion cardiaque du livre. Un battement de cœur irrégulier proche de l’infarctus. Sept plats à piocher selon votre gourmandise du moment. Revenez à la table autant de fois que vous voulez. Pourquoi se priver ? Nous voguons dans une galerie, comme devant une exposition d’œuvres picturales. L’indépendance des nouvelles impose un choix.  Que vais-je lire en premier ? Dois-je suivre le chemin indiqué par l’auteur ? Ou voguer à mon propre rythme ? Me laisser influencer par les titres ? L’impression littéraire comme tracé pictural. Qu’importe au fond ! Il faut le courage de faire un pas sur le côté et brusquement, l’habitude aidant, l’imaginaire de Jo Nesbo nous est offert comme un merveilleux cadeau. On le doit naturellement à la traduction de Cécile Roman-Monnier.