Jus de Citron, on aime

Tiempo después du réalisateur José luis Cuerda sortira en salle le 22 juillet.

Que ceux qui aiment le jus de citron lèvent le doigt… Tiempo Después, le dernier film du réalisateur José Luis Cuerda (1947-2020) est une parabole teintée d’un surréalisme politique que n’aurait pas désavouée Bunuel. Il était grand, ce réalisateur au visage débonnaire. L’œil malicieux de celui qui connaît trop bien son public, pour jouer sans encombre avec lui. Une démarche complice, comme seul certains réalisateurs du cinéma espagnol, osent l’aborder. José Luis Cuerda s’en réjouissait. Il cultivait avec un malin bonheur ces moments qui nous plongent dans cette narration si particulière (revoir  L’aube, c’est pas trop tôt 1989), en nous laissant happer sans retenue. L’ivresse nous tenaille. On s’y engouffre avec un plaisir enfantin, en se laissant glisser dans les méandres d’un toboggan sans fin. Si justement ! Cette FIN est là dans le recommencement. La fable a le désespoir de la perfection, du bonheur obligatoire. Nous sommes en 9177, une date qui n’ est pas anecdotique, si l’on fait des calculs. 7 200 ans plus tôt, un bail ! C’étaient les premières élections démocratiques en Espagne. On croyait dur comme fer à l’arrivée de l’âge d’or. Ces lendemains qui chantent étaient à nos portes. Tout le monde même Juan Carlos 1er, poussé par Franco, se prenait au jeu. En cette année 9177 que reste-t-il de la cité radieuse ? La perfection. Ce bonheur absolu qui dilue toute volonté de révolte. Tiempo Después de José Luis Cuerda nous propose un film aux saveurs actuelles. Nous y sommes tous, dans cette tour qui résume à  elle seule, l’étroitesse de nos esprits. Le monde entier se retrouve confiné dans cette tour de Babel. Immeuble officiel aux innombrables strates sociales. L’ordonnancement parfait du meilleur des mondes. Mais voilà qu’un beau matin débarque José María vendeur d’une délicieuse limonade de sa fabrication au citron qui se joue des fonctionnaires. Un autre monde est possible. Comment entrer en résistance face à la technocratie qui au nom de l’uniformité vous vend le mot “Liberté” ? Que reste-t-il de l’humanité caricaturée par le réalisateur ? Une réalité féroce. Pour son film posthume, José Luis Cuerda nous propose une comédie futuriste bien ancrée dans notre présent.