La Baule-les-pins

Bribes de souvenirs d’une enfance lointaine pataugeant dans les eaux d’un été 58. Le monde change mais on fait comme si rien n’était à La Baule-les-pins. L’iode de l’océan parfume le film de Diane Kurys que l’on peut redécouvrir dans une version restaurée en DVD chez  ESC. Tournée en 1989, il revient aujourd’hui sur cette nostalgie déjà présente lors de la sortie du film. Que reste-t-il de ces parcelles de vies ? Les souvenirs de la réalisatrice de Diabolo Menthe (1977) se conjugue avec son enfance et le traumatisme de la séparation de ses parents. Un clivage qui deviendra source d’inspiration de plusieurs de ses films. Dont La Baule-les-pins qui est un tournant dans sa carrière. L’espace d’un été le film rassemble sur la plage, Nathalie Baye, Richard Berry, Vincent Lindon, Zabou, Jean-Pierre Bacri mais aussi Valéria Bruni Tedeschi, Emmanuelle Boidron.  Un monde qui se retrouve à l’été 1958 avec les déchirures et les émois, les non-dits et les trop pleins, les mensonges et les petites vérités. La mise en scène des propres souvenirs de Diane Kurys est le prolongement d’un film réalisé sept ans plus tôt Coup de foudre, reprenant avec une certaine gourmandise la plupart des personnages. La réalisatrice manie le verbe et l’image avec le talent d’un auteur qui a commencé sa carrière sur les planches avec Madeleine-Renaud et Jean-Louis Barrault puis au Théâtre du Soleil chez Ariane Mnouchkine pour terminer dans les bras du Café de la Gare… Des parrains à la hauteur du talent que l’on retrouve dans les films. La Baule-les-pins reste un film de transition qui décortique les mœurs que l’on croyait d’un autre temps et qui pourtant à scruter le film semblent tout droit sortis de l’hypocrisie ambiante. Ainsi va la vie des films. Ils traversent le temps cinématographique en dénonçant avec la même verve l’éternel recommencement. Tout est à reconstruire.