La Révolution française dans sa totale imperfection n’en finit pas de frémir. Ainsi depuis le coup d’Etat bonapartiste du 18 Brumaire qui trancha toute velléité révolutionnaire 89 bourgeonne régulièrement. Elle prendra mille et un visages pour aboutir au soulèvement de la Commune en 1871. Charnière des révoltes que les grèves scelleront comme valeurs ouvrières. La Commune est radicale parce qu’elle ne prend pas en compte le romantisme de 1789 même si celui-ci reste indissociable de la révolte de 1792 aux Tuileries. Flash-back. Les Sans-culottes (plus récemment un élu de la République n’avait-il pas parler dans un dîner mondain, des sans-dents ?) aux prises avec les pouvoirs qui les encerclent. Le peuple contre le reste du monde. De ces bourgeois avides de pouvoir, fraîchement libérés de la tutelle des aristocrates, aux pays frontaliers alliés à leurs frères de castes. Tous veulent faire mordre la poussière à ces gueux. Clouez-moi le bec une fois pour toute à cette populace. Malgré les espoirs de Valmy les dés sont jetés, et le cours de l’Histoire peut regagner son lit. Dormez bourgeois et fausse noblesse, le peuple des faubourgs est revenu à sa raison sociale. Mais on le sait trop bien, il faut toujours se méfier des eaux dormantes. 1830, 1848 sont les soubresauts de 1871. Le temps passe et les écrits de Victor Hugo restent. Nous ne savons pas si c’est seulement la faute à Voltaire, la faute à Rousseau si le peuple dans sa sagesse doute. Il faut une guerre pour qu’une nouvelle insurrection se confronte au pouvoir d’un Thiers en négociation avec les Prussiens. La capitale est assiégée. Paris est La Commune et elle crée un Comité de salut public. Il suffira de trois mois, et la traîtrise d’un gouvernement pour poignarder dans le dos l’idéal social. L’alliance commune des ennemis que sont Thiers et Bismack permet de libérer 100 000 soldats du front pour monter à Paris et tuer l’utopie. La Commune est un fait social que le cinéma ne pouvait pas laisser de côté même si le 7e Art n’aime pas la Révolution. Deux cent trente-cinq longs métrages réalisés depuis le début du cinéma, très peu en faveur de 1789. Les scénaristes préférant les héros aristocrates et ombrageux. Marie-Antoinette tient, elle, le beau rôle tout comme les perdants magnifiques que sont les Chouans. Si le cinéma est critique envers la Révolution française (La Marseillaise de Jean Renoir est un cas particulier, tout comme la séquence avec Edith Piaf dans le film de Guitry Si Versailles m’était conté). Il en est de même avec La Commune, boudée par les cinéastes… Peut-être est-ce mieux ainsi. Trop de films tue le propos. Les longs métrages disponibles (la liste n’est pas exhaustive) reflètent sinon un militantisme du souvenir, au moins une approche sociale de la Commune, une connivence, un partage d’idées avec elle. Ce sont ces films qu’il faut redécouvrir. A la différence des œuvres réalisées sur la Révolution, nous avons avec La Commune beaucoup de documentaires. Les photographies dues à Bruno Braquehais (150 clichés) n’y sont certainement pas étrangères. Une révolte populaire pour la première fois fixée sur plaques de verre. Il y a dans ces photos quelque chose rappelant les œuvres du photographe américain Alexander Garner (même époque) concernant les tribus indiennes américaines. La photo fige l’histoire plus qu’elle la raconte. Elle immortalise un temps. Celui d’une résistance que l’on espère ne jamais voir finir, toujours renouvelée. La Commune reste ce battement de cœur social, cette empreinte historique figée par les balles des Versaillais sur le mur des fédérés. La mort en résistance comme seul livre ouvert à la vie. L’héritage est là.
Filmographie
L’émeute sur la barricade. Le premier film sur la Commune de Paris intitulé (durée 4 minutes). Réalisatrice Alice Guy, 1906 La Commune, Réal. Armand Guerra, 1914, France, 13 minutes. Réal. F. Loupatine, URSS, 1921.
La Nouvelle Babylone, Réal. Grégori Kozintsev et Léonid Trauberg, 1929, muet, URSS, 1 H 23.
La Pipe du Communard, Réal. C Mardjanov, 1929, URSS, muet, 49 minutes.
Les Aubes de Paris, Real. Grigori Rochal, 1936, URSS, 1 H 42.
Le Destin de Rossel, Réal. Jean Prat, 1966, noir et blanc, 1 H 25
Jaroslav Dombrowski, Réal. Bohdan Poreba, URSS, 1975, couleur, 2 H 12.
La Semaine sanglante, Réal Joël Farges, 1976, couleur 53 minutes.
La Barricade du Point du Jour, Réal. René Richon, 1977,couleur, 1 H 50.
Louis Rossel et la Commune de Paris, Réal. Serge Moatti, 1977, couleur, 1 H 43.
Lénine à Paris, Réal. Youtkevitch, URSS, 1981.
Le Festin de Babette, Réal. Gabriel Axel, 1987, couleur, Danemark, 1 H 39.
1871, Réal. Ken Mc Kullen, Grande Bretagne 1990, couleur, 1 H 40.
La Commune Film de Ken Mc Mullen coproduction ARTE, France/Grande-Bretagne 1990 durée 1h30.
Une Journée au Luxembourg, Réal. Jean Baronnet, 1993, couleur, 50 minutes.
La Commune (Paris 1871) Film de Peter Watkins coproduction La Sept ARTE, 13 Production, Musée d’Orsay, France 2000 durée 5h45.
DOCUMENTAIRES SUR LA COMMUNE DE PARIS
La Commune de Paris, Réal. Robert Menegoz, 1951, noir et blanc, 26 minutes.
A l’Assaut du ciel, Réal. Jean Péré, 1962, noir et blanc, 19 minutes.
Paris au temps des cerises, Réal. Jacques Darribehaude et Jean Desvilles, 1965, noir et blanc, 28 minutes.
La IIIe République ; les premières années, Réal. Daniel Lander, 1970, noir et blanc, 1 H 07.
La Commune de 1871, Réal. Cécile Clairval et Olivier Ricard, 1971, noir et blanc, 1 H 16.
Un solo funèbre, la Commune de Paris, Réal Jacques Cogniaux, 1971, noir et blanc, 1 H 41.
Le temps des cerises, la Commune et les livres, Réal Robert Lombaerts, 1971, noir et blanc, 45 minutes.
Le Voile écarlate de Paris, Réal. Marlen Khoutsiev, URSS, 1971, couleur, 1 H 19.
La Commune, Louise Michel et nous, Réal. Michèle Gard, 1972, noir et blanc, 45 minutes.
Paris 1871, la Semaine sanglante, Réal. Jean-Pierre Gallo, 1976, couleur, 56 minutes
Si on avait su, Réal Stanislas Choko, 1976, couleur, 13 minutes
Mémoire Commune, Réal Patrick Poitevin, 1978, couleur, 1 H 20.
L’Année terrible, Réal. Claude Santelli, 1984, couleur, 2 H 06.
L’œuvre législative de la Commune, Réal. Claude Tertrais, 1986, couleur, 27 minutes.
La commune de Paris 1871, (54 minutes) un documentaire réalisé en 2004 par Medhi Lallaoui.
Les Communards 52 mn, réalisée par Léon Rabinowicz,