Frank Cassenti n’est pas un cinéaste ordinaire. L’homme d’images a plus d’une bobine dans le magasin de sa caméra. De sensibilité humaniste – ce n’est pas un gros mot – ses films sont construits autour d’un vibrato jazzy. De cette musique dont le cinéaste s’empare avec le plaisir secret d’armer sa guitare comme arme de paix. Musicien et metteur en scène, il ne peut laisser son instrument de côté lorsqu’il décide de monter La Mulâtresse Solitude, le texte d’André Schwarz-Bart (1972). Un sacré challenge que cette lecture musicale de Frank Cassenti mise en musique par Olivia Rivet et Serge Marne, que l’on pourra découvrir le 27 septembre à 20h30 au Théâtre Denis de Hyères. Comme un certain nombre d’entre nous, vous n’habitez pas cette ville, je vous propose alors de faire fissa et de réserver votre place de TGV. Billets en poche, foncez à votre place et partagez votre émotion au Théâtre Denis. Le soleil sera là pour se fondre à l’histoire, avec un « H » comme fierté. La Mulâtresse Solitude est une revendication humaine, citoyenne devant les institutions. Honneur à la dignité. Les tripes et la hargne d’être soi. Une posture droite. La fierté qui résonne musicalement. Un besoin authentique. Offrir une lecture musicale à la hauteur de la violence subie. Celle de l’esclavage, aboli en 1794, en pleine terreur révolutionnaire, résolution qui ne sera que de courte durée. « Abolissez l’infâme commerce des hommes ! », hurlèrent à l’assemblée, nombre de révolutionnaires. En 1802, Napoléon Bonaparte réintroduit l’esclavage en Martinique et Guadeloupe après la paix d’Amiens signée par les Anglais, les Espagnols et les Hollandais. Il faudra attendre 1848 pour que l’abject morde définitivement la poussière. S’il y a bien une histoire qui fait battre le cœur des Antillais, c’est bien celle de La Mulâtresse Solitude. Elle s’est lovée dans l’imaginaire collectif. Voguant de génération en génération. Devenant au fil du temps, l’image d’une résistante sans faille face aux despotes. Le tempo est là. Dans le battement de cœur de La Mulâtresse Solitude. Un rythme soutenu que le spectacle musical et déclamé par Frank Cassenti entretient tout au long de la représentation. Une gageure. Il existe ainsi des représentations que la couleur n’effraie plus, en harmonie avec un temps que certains voudraient voir disparaître. Heureux ceux qui pensent que La Mulâtresse Solitude a la volonté sociale de représenter cette liberté enfouie. Réjouissons-nous de ce spectacle qui nous offre le moyen d’espérer. De sentir les vents souffler dans la bonne direction.