la radio a 100 ans

CARBONE 14

La radio a 100 ans. Un siècle de voix et de contre voies.  Entendre sait imaginer l’existence. Ne pas avoir le mal de mer et voguer aux flots des ondes. Hisser haut le drapeau de ce bon vieux Barbe Noire…. Libératrice et pourtant anachronique. Le radio diffuse les ondes de la  résistance et celle des collaborations, des indifférences égalitaires. La neutralité technologique n’est pas celle des citoyens.  Un tempo historique qui se mesure en rythme. Celle de Ray Ventura et ses collégiens     ( à redécouvrir ce film  de Jean Royer Nous irons à Paris – 1950 – ) embarqués dans la création d’une radio clandestine, la voix “rock” et secrète de la nuit d’Américan Graffiti – 1973 – de Georges Lucas, plus récemment le film Good Morning  England – 2009 -, réalisé par Richard Curtis basé en grande partie sur l’histoire de la radio pirate Radio Caroline. Nous sommes en 1966 et  cela commence à  sentir le souffre. 68  verra la free press débarquer et l’underground s’installer. Le terreau est là. Les premières antennes poussent et les gouvernements successifs voient d’un très mauvais œil cette herbe folle envahir les ondes… Le désherbant à beau être employé à  haute dose, arracher le chiendent qui pousse sur les toits, les ondes se propagent. Il n’y a rien à  faire. Elles ne sont plus la voix de la France, mais celle des français. Le déblocage se fera aux premiers jours du règne de Mitterrand. Une liberté qui sera de courte durée. Les associations s’y bruleront les ailes. Rapidement les lois du marché auront raison de la naïveté militante. Les coups de butoirs, trop violent, fissureront les espoirs. Mitterrand le savait trop bien en ouvrant les vannes. La régulation se ferait naturellement, même s’il fallait un coup de pouce pour fracturer l’espérance libertaire. Il est bon de se faire samaritain de la liberté pour mieux l’étouffer. Trois petits tours et puis s’en vont. La naissance du CSA est passé par là ! Que ni-ni. Il y a des irréductibles, pas beaucoup, mais a-t-on besoin d’être nombreux pour vivre “sa” liberté. Ils auraient pu se retrancher dans un village mais non. Hissons hauts, les fanions de la différence. Radio Libertaire sont de ceux là, mais pas que ! Celle qui va souffler sur les braises et planter le drapeau noir sur la marmite,  n’est autre que Carbone 14.  Il y en a eu d’autres, naturellement. Mais Carbone 14 resta l’emblème libertaire des années Radios Libres.  L’expérience  comme outil libératoire. N’oublions pas,  en nos années aujourd’hui sclérosées, l’existence courte, trois ans à peine,  1980-1983 de l’aventure citoyenne.  Un soubresaut en 1986, mais le goût n’y était plus. L’aventure unique sera filmée dans effervescence de l’année 1982.  Jean-François Gallotte, l’œil partout, caméra en main. Réalisation coup de poing pour ne pas perdre l’essence de Carbone 14. Ne pas oublier, comme un pressentiment. La force des convictions contre la Réalpolitique. Le film sera sélectionné Perspectives du cinéma français en 1983 au Festival de Cannes. Aujourd’hui l’histoire est disponible en DVD, chez les mutins de pangées.  Un beau cadeau à  faire pour les Cent ans de la Radio. Un bol de liberté. A déguster sans modération. Le breuvage n’a jamais donné la migraine. Rendez-vous avec l’entretien de Jean-François Gallotte qui nous compte cette aventure, matrice des possibles futurs…