La Saveur des Coings

Et la liste est loin d’être close. Qu’on se le dise, il y a des films qui font renaître les salles…
 
 
Paris Espace St Michel
 
Angoulême CIBDI
Aubervilliers Studio
Avignon utopia
Blois Capciné Lobis
Bordeaux utopia
Brest Studio
Caen Lux
Cherbourg CGR Odéon
Clermont Les Ambiances
grenobles Club
La Rochelle CGR Dragon
Lyon Comoedia
Metz Klub
Montpellier Utopia
Montreuil Mélies
Mourenx M
Nantes Concorde
Nice Mercury
Orléans Carmes
Pantin 104
Perpignan Castillet
rennes Ar vor
St Denis Ecran
St Etienne Méliès
Strasbourg Star
Tarnos CGR
Toulouse ABC
Tours studio
Troyes CGR
Valence navire

Le goût sauvage du cinéma

Il coule dans les veines des Bulgares le sang des Thraces qui les rend si fiers. Ils ne sont pas seulement ces hommes intrépides mangeant fièrement du yaourt juchés sur un fougueux Trait bulgare ou le puissant Karakatchan. Voilà des hommes qui n’ont pas vendu leur âme à l’image publicitaire. Ils s’en sont emparés comme on dresse un fougueux Bulgare Oriental. Le cinéma bulgare ne se laisse pas impressionner ni dompter. Sa liberté réside dans la rapidité à tourner, dans l’efficacité financière ! On ne gaspille pas au pays de Spartacus. On rend coup pour coup. Le nouveau film du couple Kristina Grozeva et Petar Valchanov à qui l’on doit The Lesson (2015) est proche  d’un cinéma sauvage qui fait du bien à la liberté. Cinéma rapide, à la juste vitesse, il raconte le désenchantement et la dislocation sociale. Ici, ce ne sont pas les nouvelles générations en mal d’ouverture qui font sauter les verrous. c’est le père, vieux briscard qui croit pouvoir entrer en contact avec sa défunte épouse avec l’aide d’un médium. Vasil, artiste peintre septuagénaire, ne s’en laisse pas compter par la morale de son fils. Il est indigne ce vieil artiste qui bouscule la coutume du deuil. Il y a de la révolte dans cet homme devant la normalité pesante de son fils. Qu’a-t-il compris de sa jeunesse ? Rien, trop mesuré, trop sclérosé par le bien, cet étrange sentiment qu’il entretient pour ne fâcher personne. Une sorte de politiquement correct qui ne peut aller qu’au désastre. Ce cinéma rafraîchissant mérite notre attention. Simplement pour l’audace sobre qu’offre ce couple de réalisateurs. On pourrait parler du travail photographique rappelant certains peintres espagnols ? Petar Valchanov n’a-t-il pas ce sang ibérique qui coule dans ses veines (Argentine) ? Le cinéma n’a pas de frontière et l’on reconnait dans la réalisation aboutie le plaisir trangressif du 7e Art. Trop rare aujourd’hui car toujours plus proche de l’esthétisme comme seule narration.  Il faut se laisser porter par La Saveur des coings. Sa langue, ses dialogues écorchés. Lâcher prise pour comprendre ce que signifie le cinéma bulgare. La publicité du yaourt est loin, voire oubliée. Cette imagerie d’Epinal voulue par les publicitaires en mal d’inspritation n’est qu’une piètre représentation de la fierté de ce peuple. Le cinéma de Kristina Grozeva et Petar Valchanov détricote ce fantasme pour nous offrir un conte tragi-comique, postcommuniste qui a le goût du coing. Quel autre fruit complexe dans sa saveur, pour expliquer au mieux la société de ce pays ? La saveurs des coings est un film à découvrir… Se rafraîchir l’esprit en ces temps sclérosés. Quoi de mieux comme antidote ?

La confiture de coings , élément central du film, est complexe à réaliser. Belle métaphore de la démocratie. Il semblerait qu’il y est autant de recettes qu’il y a de membre dans une équipe de tournage. Chacun allant de sa recette… Discussion soutenue semble-t-il sur le tournage. Un plaisir d’échange autour d’un fruit qui mérite toute notre attention. 

Voici  une recette parmi d’autres

2 kg de coings, 1 l 1/2 d’eau environ, 1,5 kg de sucre
Préparation : 20 min, Cuisson 1 h environ
Epluchez les coings bien mûrs, retirez les coeurs et les pépins. Enfermez les épluchures, les coeurs et les pépins dans un linge ou de la mouselline pour confectionner un nouet. Coupez les fruits en morceaux ou en lamelles, pesez-les et faites-les cuire dans la bassine avec l’eau et le nouet, durant 40 min environ. Retirez le nouet et ajoutez le même poids de sucre que de fruits épluchés. Remuez très souvent pendant la cuisson qui demande environ 1 heure. Le jus doit « napper » la cuillère et la confiture devient rouge foncée. Versez la confiture chaude dans les pots ébouillantés, fermez-les le lendemain.
une petite astuce
Soignez l’épluchage des coings en retirant tous les morceaux de fruits trop durs qui ne cuiraient pas correctement. Pour un goût plus suave et délicat, vous pouvez ajouter une gousse de vanille et une pomme à la cuisson.