La science à la poursuite du crime

Sherlock Holmes est-il à l’origine de la police scientifique ? Décevons nos amis d’outre-Manche, NON ! Il est français et ses détracteurs nombreux, dans cette police héritée du flair de François Vidocq. Alphonse Bertillon (1853-1914), né trois ans avant la disparition du légendaire bagnard.  En quelque sorte une sorte de passage de témoin. Les Archives nationales ont ouvert leurs portes jusqu’au 18 janvier 2020 à cette aventure policière. Droit dans ses bottes, Alphonse Bertillon ira jusqu’au bout d’une démarche pour aboutir à un renouveau de la police française (mais pas que !). L’homme innove, inventant la photographie judiciaire, l’interdépendance des fichiers mais également l’analyse des traces, les empreintes, un repérage visuel de malfrats recherchés dans l’espace public. Une boite à outils qui ne fera que s’améliorer au cours des ans.
 
L’exposition est un petit bonheur pour cette fin d’année. Surtout pour les experts en herbe, les parents à la lourdeur de Maigret, voire quelques vieilles dames aux regards piquants d’une Miss Marple sans parler de cette silhouette fantomatique que l’on pourrait croiser et accorder à Sherlock. Naturellement, ils sont imaginaires. Nos fantômes littéraires nous accompagnent tout au long du périple. On sent bien, visiteurs, que nous sommes là dans une réalité exposée. Ces approches scientifiques qui menèrent à l’aboutissement d’enquêtes complexes enflamment nos esprits. La réalité tortueuse côtoie nos idées reçues. C’est toute la puissance évocatrice de cette exposition.
 
Tout comme les nombreuses archives présentées dont celles de l’affaire Dreyfus. Deux cents pièces au total, ainsi par exemple le fameux appareil photo de l’identité judiciaire de 1888. Tout comme les instruments de mesure anthropométriques. L’imaginaire est dans le détail et le souvenir. Cette photo de Casque d’Or par exemple… Un tout qui mérite que l’on traverse le périphérique pour découvrir cette aventure qui fait aujourd’hui de ses « experts » les héros de la nouvelle police. Rendez-vous aux Archives nationales.