Le virus a laissé à la maison en moyenne plus de 50 % de spectateurs. Beaucoup de films sont retournés dans leurs boites attendant des jours meilleurs. Même si les tournages ont repris sur la pointe des pieds, la convalescence va s’avérer longue. En résistance donc, Alamo ou les 55 jours de Pékin au choix de votre approche. Tout comme les entreprises qui profitent du Covid 19 pour pousser leurs employés vers la sortie les salles de cinéma ne sont pas à l’abri de coup bas. Si un grand nombre de salles ont encore la tête au-dessus de l’eau (reconnaissons l’effort d’un nombre certain de municipalités pour maintenir leur cinéma à flots), beaucoup d’autres, indépendants ou gérés par les associations, sont au bord de l’asphyxie. Sans structure lourde à laquelle s’adosser. Malgré l’aide apportée, beaucoup de salles ne dépassent pas les 40% de la jauge habituelle et cela malgré une politique tarifaire alléchante et ciblée. Reconnaissons aussi que certains lieux tirent correctement leur épingle du jeu (souvent les multiplexes). Les belles idées – qui restent d’actualité – du début du confinement, doivent perdurer (Drive Inn, cinéma en plein air… distanciation respectée il va de soi). Les nouveautés sortent au compte goutte et font leur job de premières de la classe : Les Parfums, Tout simplement noir, Divorce Club de Michaël Youn, sans oublier le dernier Ozon, Été 85. Un cinéma français en pole position en attentant les blockbusters hollywoodiens. La réalité peut-elle se mettre en place alors que l’on espère que l’après sera comme avant ? Retrouver les 213 millions de spectateurs de 2019 ?La course à l’échalote est engagée. Deux mois de confinement changent certaines habitudes pour en engendrer d’autres. Godard ne disait-il pas « Quand on va au cinéma on lève la tête, quand on regarde la télévision, on la baisse » ? Que reste-t-il de cette pensée aujourd’hui ? La multitude des moyens, la désacralisation des films, la consommation immédiate, le sens critique réduit à son minimum, malgré, semble-t’il un renouveau des revues de cinéma ! Que reste-t-il sinon une redéfinition d’échelle ? L’écran, le grand, le large restera encore longtemps d’actualité mais il n’est plus le seul à bénéficier de la manne cinématographique. Le public avec les smartphones, les tablettes, les différentes plate-formes a changé son approche du visionnement. Avoir son écran avec soi, son film. Une indépendance de choix qui n’est plus seulement du ressort de la salle. Ne pas oublier qu’un nombre appréciable de films ont été diffusés en VOD faute de salles et qui ont trouvé un public. Que va-t-il rester du cinéma ? Qu’en sera-t-il à la rentrée ? Quel scénario devant l’imprécision politique, la navigation à vue, les balbutiements des locaux, la possible seconde vague… Auront-ils raison sinon des salles du moins de leur avenir proche ? Main basse sur les cinémas. Les promoteurs en connaissent le prix. Le public, lui, verra-t-il la salle autrement ? Jusqu’où les habitudes récemment acquises résisteront-elles ? Dans la redistribution des cartes, il restera des salles en résistance, de celles qui ne baissent pas pavillon et qui pensent que le 7e Art est une histoire qui continue de s’écrire. Entre Mélies, Renoir et Ozon, le champ est large. De tous ces lieux qui ne tournent pas à la consommation unique et instantané de produits. Un travail à la hauteur du défi. Bretteurs du 7e Art, hissez haut les couleurs et ne désarmez pas !