TARZAN, celui qui parlait à la nature

Il n’aura fallu qu’à peine six ans au héros d’Edgar Rice Burroughs pour se libérer des mots. 1912apparition du héros littéraire. 1918, premier saut de liane cinématographique. Tarzan n’en finit pas de voltiger de film en film. Cinquante-trois longs-métrages plus tard et presque autant de pastiches, sans compter les faux Tarzan, Lord Clayton demeure un mythe. Il en va ainsi de la notoriété d’un personnage né de l’imagination d’un vendeur de taille-crayons. Si Edgar Rice Burroughs a écrit des romans de science-fiction comme le cycle Les conquérants de Mars, c’est Tarzan qui reste dans la mémoire de tous. L’homme-singe, au même titre que Zorro ou Dracula voire, dans une moindre mesure, Robin des Bois, est devenu une icône.
Le livre de Jean-Pierre Andrevon Tarzan l’homme sauvage, Actualité d’un mythe nous propose un voyage en première classe. Que Thomas Cook lui-même ne peut nous offrir. Et cela, dès la couverture. Est-ce un hasard si Christophe Lambert dans Greystoke de Hugh Hudson parade ainsi ? Pour l’auteur, ce film est peut-être l’une des meilleures adaptations. Reconnaissons-le, ce n’est pas le premier livre sur le roi de la jungle, et il ne sera pas le dernier ! Mais voilà, il a ce plus que l’on attendait. Ce petit rien qui fait la différence. L’égalité de traitement. Peu de choses selon vous ? Et pourtant ! Les méandres de la création se glissent entre les pages. Adaptations fidèles, plagiats qui s’invitent, réalisations plus ou moins ridicules : ils sont légion. La présence d’une importante filmographie prouve l’intérêt que le 7e Art a toujours porté au personnage. Les Comix s’en sont emparés très rapidement : les premières planches d’Harold Foster datent de 1929 avec ce graphisme unique. La télévision n’est pas en reste. Elle, aussi, a lorgné vers Tarzan avec comme pour le cinéma plus ou moins de bonheur. On retiendra la série Jim la jungle avec Johnny Weissmuller qui laissa la liane pour camper un explorateur. Un long chapitre est consacré aux “tarzanesques”, plagiats écriront d’autres. Ce plaisir du détournement au premier degré. Des films indiens, japonais, voire italiens avec en exemple l’improbable Tarzan et Dalilah ou encore Tarzan et King Kong. Des chapitres aiguisent notre curiosité. On a envie de les voir ces nanars ! D’autres pépites vous attendent au coin des pages comme Tarzan et la lampe merveilleuse ou encore Tarzan contre Hercule. Ainsi va le cinéma et son plaisir de l’imaginaire. Il y a de humour dans toutes ces bobines et l’on y imagine aisément les réalisateurs du cinéma Bis se triturer les méninges à la recherche d’autres confrontations ! Comment oublier le monarque, Johnny Weissmuller, qui donna ses lettres de noblesse au personnage sur près de deux décennies, ni son dauphin, Lex Barker, qui repris et le rôle et le fameux cri. Saviez-vous que c’est un ingénieur du son de la MGM qui composa l’identité sonore en 1932 ? Le produit d’un mixage composé du hurlement d’une hyène, de l’aboiement d’un chien, d’un ut poussé à l’aigu par la cantatrice Lorraine Bridge et de la vibration de la corde sol d’un violon. Que serait Tarzan sans cette distinction ? Pas tout à fait le seigneur de la jungle. L’ouvrage évoque aussi les jeux vidéo et un chapitre fourni traite des reines de la jungle. Une perle, La Reine de la Jungle, a été réalisée par Henry MacRae en 1915 soit trois ans avant le premier Tarzan. Les Jungles Women vont se multiplier au fur et à mesure du succès grandissant des Tarzan, empruntant à la mythologie, la civilisation des amazones… Tarzan lui-même les affrontera. Ce livre est une forêt luxuriante aux multiples pistes. Une aventure en soi. Tous les chemins mènent à Greystoke d’Hugh Hudson qui bénéficie d’un chapitre entier. Il le mérite, le reste est à découvrir. Soyez défricheur de cette jungle où le plaisir des rencontres s’éprouve à chaque page. Un tout qui offre au lecteur une représentativité de son héros favori. Un portrait idéalisé de l’homme-singe. Et si Tarzan restait à découvrir ? Jean-Pierre Andrevon, critique de cinéma et auteur de polar, on lui doit notamment Neuf morts par quelques nuits d’hiver, sait nous guider sur les chemins escarpés à la recherche du héros inconnu. Ce n’est pas un hasard si pour l’aventure, il s’est si bien entouré. Quatre mousquetaires de l’Écran Fantastique, Erwan Bargain, Jean-Pierre Fontana, Pierre-Eric Salard et Sébastien Socias ont collaboré à Tarzan l’homme sauvage, Actualité d’un mythe.Par ces temps de régression, laissons-nous porter par cette écriture fluide. Vous avez entre les mains l’un des livres à vivre pendant le confinement. L’évasion est garantie. Chapitre par chapitre.
 
Editions Vendémiaire. Prix 24€

Le roi de jungle sans contexte : Johnny Weissmuller

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