Hisser-Haut l'aventure
Ce n’est pas parce que vous avez le nez dans les bouchons, que vous humez la pollution avant de remettre vos pieds au bureau que vous devez oublier d’où vous venez. Rappelez-vous ce livre que vous avez dévoré sur la plage… et aujourd’hui coincé dans la valise. Vous vous êtes promis de le relire à la rentrée. Voilà c’est fait. Goulûment, vous avez retrouvé Le Corsaire Rouge de James Fenimore Cooper pour reprendre, en dehors du temps, l’aventure à la première page. Et n’oubliez pas cette phrase que l’on attribue à Platon » Il y a trois sortes d’hommes, les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer ».
Corsaire ou Pirate, la différence est faible. Une frontière poreuse et l’Océan des 7 mers pour tous. Voguez lecteurs. Vous avez entre les mains le deuxième roman maritime de James Fenimore Cooper (1827), ouvrage écrit peu de temps après Le Dernier des Mohicans. Déjà un pied dans la flibuste. Tanguer au fil des pages, pauvres lecteurs, elles sont les tempêtes qui vous mèneront à vendre votre âme au diable. Mille bordées et le monde vous appartient, frères de la côte.Le Corsaire Rouge n’est pas le roman dont est tiré le film éponyme de Robert Siodmak (1952) avec le bondissant Burt Lancaster. L’ouvrage n’a jamais été adapté. Le pourrait-il ? Difficile par la complexité de son histoire mais pas impossible. Peu importe. A vous d’enclencher votre film, au gré des pages tournées. James Femimore Cooper a puisé dans ses années de moussaillon. Engagé pendant sept ans dans la Marine, il en retiendra le terme, la précision des gestes, le langage, l’engagement des boucaniers, les embruns, la violence des rapports, le silence et la mort, rarement naturelle. La mythologie, naturellement. Comment pourrait-il en être autrement ? C’est peut-être le souvenir de la description des paysages marins qui retiendra votre attention, comme devant un Peter Brueghel. Laissez-vous emporter. Hissez-haut l’aventure écrite par celui qui transforma le roman d’aventures maritimes en épopées grandioses. Le Corsaire Rouge est une œuvre originale que l’on peut feuilleter sans modération sur la plage, assis au café du port, dans le métro (en fait ou vous voulez), en espérant voir se découper dans le soleil couchant, un trois mats du nom de Foudroyant ou encore d’un brick baptisé La Baie… d’autres encore, multiples peuplant les pages du récit maritime. Une aventure qui sonne comme une course poursuite entre un jeune officier loyaliste et le redoutable Corsaire Rouge, farouchement pro-indépendance américaine. Nous sommes à quelques encablures de la guerre d’indépendance…. En 1759. Tout est écrit.