Ouvrage Le Quai des brumes (Marcel Carné, 1938) publié dans la collection Contrechamp des Editions Vendémiaire, 144 p
Photo : Archives du 7e art/Ciné-Aliance/Image Forum
Thomas Pillard trempe sa plume dans nos souvenirs de cinéphiles pour y laisser une empreinte écrite. Il court, il court sur le feuillet ce besoin de partage. Maître de conférences en études cinématographiques et audiovisuelles à la Sorbonne, Thomas Pillard nous brosse, dans les pages de son dernier ouvrage, Le Quai des Brumes, l’univers oublié d’un des plus grands films du cinéma français. Qu’est-ce qu’un film de 1938 ? Qu’est-ce Le Quai des Brumes adapté du roman de Mac Orlan et interprété par le couple mythique Gabin/Morgan ? Sorti en salles peu avant la déclaration de la Seconde guerre mondiale, il fera un carton, laissant sur le bord de la route, La règle du jeu de Jean Renoir (1937) et Carnet de Bal de Julien Duvivier (1937). Ce film sombrement poétique, envoûta les spectateurs. Le livre de Thomas Pillard relate l’aventure de ce tournage si particulier, en s’appuyant particulièrement sur l’analyse des différents scénarios. Ainsi que sur la correspondance importante entre Marcel Carné et Prévert, dont c’était la troisième collaboration. Pourquoi avoir situe l’intrigue dans le port du Havre ? Pour rappeler par les décors d’Alexandre Trauner qui venait de finir Drôle de Drame que la qualité esthétique n’avait rien à envier aux studio d’Hollywood ! N’offrait-il pas au film, ce personnage indispensable que l’on appelle « Atmosphère » ? Le choix des comédiens, également. Et particulièrement Michèle Morgan, alors âgée de 17 ans, qui rejoindra le plateau grâce au retard pris par le tournage du film (elle venait de terminer Orage de Marc Allégret). Jean Gabin en déserteur – mot jamais dit , le ministère de la Guerre ayant exigé que ce terme ne soit jamais prononcé. Sans oublier, l’interprétation d’un Pierre Brasseur, en voyou pervers, et de Michel Simon en personnage sinueux, tuteur de la jeune Nelly (Morgan). Une distribution parfaite signant un univers envoûtant teinté de cette angoisse palpable de l’avant-guerre. Où l’on refuse encore à admettre l’inévitable. L’ouvrage de Thomas Pillard nous offre au fil des pages l’aventure d’une œuvre hors norme. De ces films français de l’immédiate avant-guerre à l’indéfinissable saveur. Le Quai des brumes est un classique du cinéma français, mythique, qu’il faut redécouvrir en lisant l’ouvrage de Thomas Pillard.
Thomas Pillard dips his pen in our memories of moviegoers to leave a written imprint. He runs, he runs on the sheet this need for sharing. Lecturer in cinematographic and audiovisual studies at the Sorbonne, Thomas Pillard takes us through the pages of his latest work, Le Quai des Brumes, the forgotten universe of one of the greatest films of French cinema. What is a 1938 film? What is Le Quai des Brumes adapted from Mac Orlan’s novel and interpreted by the legendary couple Gabin / Morgan? Released in cinemas shortly before the declaration of the Second World War, it will be a hit, leaving on the side of the road, The rule of the game by Jean Renoir (1937) and Carnet de Bal by Julien Duvivier (1937). This darkly poetic film captivated the spectators. Thomas Pillard’s book recounts the adventure of this very special filming, drawing particularly on the analysis of the different scenarios. As well as on the important correspondence between Marcel Carné and Prévert, of which it was the third collaboration. Why did you locate the plot in the port of Le Havre? To remind by the sets of Alexandre Trauner who had just finished Funny Drama that the aesthetic quality had nothing to envy to the Hollywood studios! Wasn’t he offering the film this essential character called « Atmosphere »? The choice of actors, too. And particularly Michèle Morgan, then 17 years old, who will join the set thanks to the delay in shooting the film (she had just finished Orage by Marc Allégret). Jean Gabin as a deserter – a word never said, the War Ministry having demanded that this term should never be spoken. Without forgetting, the interpretation of a Pierre Brasseur, a perverse thug, and Michel Simon as a curvy character, tutor of the young Nelly (Morgan). A perfect distribution, signifying a spellbinding universe tinged with this palpable pre-war anguish. Where we still refuse to admit the inevitable. Thomas Pillard’s book offers us the adventure of an extraordinary work over the pages. From these French films from the immediate pre-war period to the indefinable flavor. Le Quai des brumes is a legendary French cinema classic that you have to rediscover by reading Thomas Pillard’s book.