Nigel Terry dans le rôle titre Carraggio de Derek Jarman (1986)
Le 7e Art ne s’est pas intéressé au-delà du raisonnable, c’est-à dire-à quelques films saupoudrés ici et là sur les écrans au peintre Le Caravage. Le Caravaggio de Derek Jarman (1986), le téléfilm en deux époques d’Angelo Longini (2007), une curiosité de Silvério Blasi avec Gian Maria Volonté en 1967, notamment. On aurait pu s’attendre à beaucoup plus, tant cet artiste complexe et impétueux que fût Le Caravage (1571-1610) mérite un traitement hors-normes. D’ailleurs Martin Scorsese se plaît encore à parler de l’influence que cet artiste de la fin du XVIe siècle a eu sur son travail. Visionnaire de l’image animée avant l’heure ? Metteur en scène macabre et tourmenté ? Recours à la profondeur de champ dont Orson Welles se serait inspirée. Couleurs flamboyantes rappelant le traitement des premiers Technicolor… Un monde qui ne peut pas nous être étranger. Tout comme pour l’œuvre du Caravage a la noirceur d’un roman policier, nous voilà embarqués sous la plume enquêtrice de Yannick Haenel (Prix Médicis en 2017, entre autres). L’idée est puissante comme un polar. Une énigme, de l’aventure, des découvertes, des rencontres qui déclenchent un duel, l’errance et la mort, une vie courte de rock star. Le Caravage meurt à 39 ans, année du procès de Galilée. La bande annonce de La solitude Caravage est en place. Elle nous plonge dans cette Italie où les Médicis n’ont pas encore lâché les reines du pouvoir au profit de Borghèse. Une charnière historique entre deux mondes, entre deux siècles. Yannick Haenel nous propose ce voyage intense, aux chapitres précis, courts, au rythme d’un battement de cœur. Le Caravage peint avec la fougue de ces artistes qui ont rendez-vous avec la mort. Les mots de Yannick Haenel nourrissent tout au long de l’ouvrage les réponses possibles à une question posée en 1435 par Leon Battista Alberti » Qu’est-ce donc que peindre, sinon embrasser avec art la surface d’une fontaine ? » Soyons humblement en apprentissage et suivons cette enquête. Soyons profilers et essayons de comprendre ce que recherche le peintre à travers la description de ses scènes de crime… La noirceur des contrastes a la couleur de la peste, lui qui l’a côtoyée. Vivre avec la mort, c’est un peu l’accepter. Selon la légende, le cadavre du Caravage aurait été abandonné sur une plage ou un terrain vague, comme Pasolini.
1941 – Caravaggio, il pittore maledetto, film italien réalisé par Goffredo Alessandrini
1967 – Caravaggio, feuilleton télévisé italien réalisé par Siverio Blasi
1986 – Caravaggio film britannique réalisé par Derek Jarman
2007 – Caravaggio, téléfilm franco-germano-italien réalisé par Angelo Longoni
2011 – I.M.Caravaggio, film américain réalisé par Derek Stonebarger