Les Beatles ont oublié de mourir

John Lennon a été assassiné le 8 décembre 1980 par Mark David Chapman devant le Dakota Building à New York. Imagine ! c’est impossible. N’est-ce pas ce que beaucoup ont pensé en entendant l’information ? Le temps a passé et Georges Harrisson à son tour y a laissé son ombre, c’était en 2001. Le rêve enfantin de croire que les Beatles pouvaient se réunir à nouveau a été un leurre bien entretenu par les fan clubs. Que reste-t-il ? Des lambeaux de souvenirs et des disques qui se vendent à la pelle. Tous les 8 décembre, New York rend hommage à John. A travers le poète disparu c’est bien du groupe dont il s’agit, celui qui, de 1962 à 1969, bouscula tout sur son passage et particulièrement une génération. Ils n’étaient pas les seuls à s’offrir le firmament des Hits. A vous de piocher dans votre mémoire, les groupes qui ont bouleversé votre confort. Les Beatles n’aimaient pas la scène et le cinéma les amusait. Tout est relatif. Si le premier film  A HARD DAY’S NIGHT est un manifeste pop, irrévérencieux, il est aussi l’inspirateur des Monthy Pyton par sa loufoquerie. Une liberté de ton qui fait dire à John Lennon : “L’insouciance de la pop reste la meilleure arme contre l’ordre établi”. Un film fou voulu par la Warner et confié à un réalisateur débutant, Richard Lester. Au final une œuvre proche des documentaires anglais par la liberté des mouvements de caméra. HELP suivra en 1965. Film aux couleurs acidulées annonçant, sans le savoir encore, Sergent Pepper. La folie est encore au rendez-vous, plus sage tout de même, avec un scénario prétexte qui aurait pu s’inspirer, pour son humour décalé, de La Panthère Rose de Blake Edwards. Les quatre de Liverpool ont reconnu qu’ils avaient pris le tournage du film à la légère, sans conviction. De fait, cela ne les intéressait pas (plus). Il reste l’album qui boucle le premier cycle musical du groupe, et une recherche. Elle  fera son chemin avec la rencontre de Ravi Shankar : la musique indienne dont les albums Revolver, Sergent Pepper’s Lonely Hearts Club Band puis de double blanc se nourriront. “Les temps changent” chantait Bob Dylan en 1965. Plus vite qu’il ne l’écrivait ! MAGICAL MYSTERY TOUR est un film d’origine non identifié, un OFNI ! Clip bien avant l’heure empruntant le surréalisme et l’absurde pour un voyage en car qui mène nulle part. On pourrait penser à Prévert. Entre deux prises, John Lennon tourne le film anti-militariste COMMENT J’AI GAGNE LA GUERRE, de Richard Lester. En 1968, sort le dessin animé YELLOW SUBMARINE qui aurait dû être réalisé par Disney. Le film prendra des chemins de traverse qui en feront sa notoriété.  LET IT BE de Michael Lindsay-Hogg, tourné en 1969 et qui sortira en salle l’année suivante est le dernier film des Fab Four. Ce documentaire en deux parties révèle le studio et les tensions du groupe avec l’omniprésence de Yoko Ono mais aussi ces moments rares de recherches musicales et le fameux concert sur les toits d’Abbey Road. Moment unique. Décalé en cette année 1969. Le groupe semble loin de tout alors que Woodstock et l’Ile de Wight rassemblent plus d’un million de “Hip” ! Est-ce un hasard si le concert se termine par Get Back, littéralement Revenir – Retourner… Qui les entend ? Il est trop tard. Le film se termine par l’arrivée des bobbies sur les toits du studio pour interrompre le concert. Une métaphore naturellement, mais aussi, un signal : on siffle la fin de partie. Les Rolling Stones auront la même problématique avec Gimme Shelter (1970). « Les ombres flottent et laissent le passé aux poètes », John Lennon aurait pu emprunter cette phrase à Bob Dylan. Les temps changent et les souvenirs s’épaississent. Il ne reste que les disques et certains écrits, des hommage de Paul et Ringo, orphelins de John et Georges. Comme chaque année à la mi-décembre les fantômes du souvenir se réunissent pour offrir un concert en hommage à John… Tout s’estompe. Ce qui ne s’efface pas, c’est le silence filmé par Raymond Depardon à Central Park. Un plan séquence de dix minutes face à l’immobilité de centaines de jeunes et moins jeunes venus spontanément rendre un dernier hommage à John juste après son assassinat. DIX MINUTES DE SILENCE POUR JOHN LENNON.