Les Cahiers du Cinéma

Nous reproduisons ici, le communiqué de presse de la rédaction des  Cahiers daté du 27 février 2020

The editorial staff leaves the Cahiers du cinema (press release)
Thursday, February 27, 2020
The editorial staff decided to leave the Cahiers du cinema. Salaried journalists take the assignment clause, a conscience clause protecting the journalist’s right when the title owner changes.
The new shareholders include eight producers, which poses an immediate conflict of interest problem in a critical review. Whatever the articles published on the films of these producers, they would be suspected of complacency.
The independence charter first announced by shareholders has already been contradicted by brutal press announcements. We were told that the review should “refocus on French cinema”. The appointment of Director General of the SRF (Société des Réalisateurs de Films) delegate general, Julie Lethiphu, adds to fears of an influence from the French cinema community.
We have been told that the review will become “friendly” and “chic”. However, the Cahiers du cinema have never been neither, contrary to what the shareholders claim. Les Cahiers has always been a critical review, taking clear positions. The most famous article in the review is that of François Truffaut, “A certain trend in French cinema” (1954), castigating the bourgeoisie for part of French cinema. It would be distorting the Notebooks to make it a flashy showcase or a platform for promoting French cinema.
The new shareholders are also made up of business people close to the government. The Cahiers du Cinéma took sides against the media treatment of the yellow vests, against the reforms affecting the university (Parcoursup) and culture (the Culture pass) and questioned on its arrival the legitimacy of the Minister of Culture, who s is also publicly congratulated on the takeover of this private company. Here too, the shareholders have interests which question us.
Finally, at a time when all the press has been bought by the big telecoms, and the bosses of Meetic, Free, BFM are playing business angels, we refuse this concentration in the hands of the same people of formerly free titles.
The writing of Cahiers du Cinéma
(02/27/20)

La rédaction quitte les Cahiers du cinéma (communiqué)
jeudi 27 février 2020
La rédaction a décidé de quitter les Cahiers du cinéma. Les journalistes salariés prennent la clause de cession, clause de conscience protégeant le droit du journaliste lors du changement de propriétaire d’un titre.
Le nouvel actionnariat est composé notamment de huit producteurs, ce qui pose un problème de conflit d’intérêts immédiat dans une revue critique. Quels que soient les articles publiés sur les films de ces producteurs, ils seraient suspects de complaisance.
La charte d’indépendance annoncée d’abord par les actionnaires a déjà été contredite par les annonces brutales dans la presse. Il nous a été communiqué que la revue devait « se recentrer sur le cinéma français ». La nomination au poste de directrice générale de la déléguée générale de la SRF (Société des Réalisateurs de Films), Julie Lethiphu, ajoute aux craintes d’une influence du milieu du cinéma français.
Il nous a été communiqué que la revue deviendrait « conviviale » et « chic ». Or les Cahiers du cinéma n’ont jamais été ni l’un ni l’autre, contrairement à ce que prétendent les actionnaires. Les Cahiers ont toujours été une revue critique engagée, prenant des positions claires. L’article le plus célèbre de la revue est celui de François Truffaut, « Une certaine tendance du cinéma français » (1954), fustigeant la bourgeoisie d’une partie du cinéma français. Ce serait dénaturer les Cahiers que d’en faire une vitrine clinquante ou une plateforme de promotion du cinéma d’auteur français.
Le nouvel actionnariat se compose également d’hommes d’affaires proches du pouvoir. Les Cahiers du cinéma ont pris parti contre le traitement médiatique des gilets jaunes, contre les réformes touchant l’université (Parcoursup) et la culture (le pass Culture) et mis en question à son arrivée la légitimité du ministre de la Culture, qui s’est d’ailleurs félicité publiquement du rachat de cette entreprise privée. Là aussi les actionnaires ont des intérêts qui nous interrogent.
Enfin, à l’heure où toute la presse a été rachetée par les grands des télécoms, et les patrons de Meetic, de Free, de BFM jouent aux business angels, nous refusons cette concentration dans les mains des mêmes de titres jadis libres.
La rédaction des Cahiers du Cinéma
(27/02/20)