Les chouans

Ce n’est pas parce que les films ne sont plus en salles, qu’ils n’existent plus

Le Fils du Roi, le film de Cheyenne-Marie Carron pose une problématique historique. La République mérite-t-elle d’être vécue ? Qui interroge ? Une classe de ZEP, avec cette troublante élégance captée par la réalisatrice.  Cheyenne-Marie Carron vogue continuellement entre deux perceptions : le documentaire et la fiction. A moins que son talent soit celui de faire croire, avec sagesse que les frontières entre doc et fiction sont plus poreuses que les classements imposés par les supports. Une des lignes de force du film à ne pas en douter. Kevin et Elias sont deux potes. Elias parle de la monarchie de son pays, le Maroc. Une réflexion s’installe entre les deux jeunes alors que la Révolution française est au programme. Un exposé des deux copains met à mal le professeur d’histoire lorsque Kevin et Elias parlent de l’héritage réel de la monarchie française mettant en doute le bien-fondé historique. Était-elle indispensable Notre Révolution ? Nous voilà devant deux ados qui découvrent que l’Ancien Régime possédait aussi des vertus que le discours républicain avait soigneusement poussé sous le tapis. Parfaitement documenté le scénario interroge la détermination de ce groupe de jeunes  “chouans” qui se retrouvent en forêt avec une prof royaliste. Le complot des idées et la retenue de chacun en fait une signature plausible. Tout comme la rébellion sourde de notre personnage principal qui défend bec et ongles avec son pote l’exposé sur la sociabilité de l’Ancien Régime devant un prof d’histoire qui refuse l’argumentaire qu’il considère hors sujet. Et dans la difficulté à trouver des réponses. Le manque est là, visible dans la séquence d’interrogations dans la salle des profs. Le film de Cheyenne-Marie Carron a la justesse de ses ambitions, comme autant de films “sauvages” déjà réalisé. Une cinématographie libre qui pose des questions. Un film juste que nous offre cette réalisatrice de 43 ans. Autodidacte. Qui a su se forger une place entière dans le monde du 7e Art.
 
 

The Son of the King, Cheyenne-Marie Carron’s film poses a historical problem. Does the Republic deserve to be lived? Who questions? A class of ZEP, with this disturbing elegance captured by the director. Cheyenne-Marie Carron continually sails between two perceptions: documentary and fiction. Unless his talent is that of making believe, with wisdom that the borders between doc and fiction are more porous than the classifications imposed by the supports. One of the main lines of the film, no doubt about it. Kevin and Elias are two friends. Elias talks about the monarchy of his country, Morocco. A reflection takes place between the two young people while the French Revolution is on the program. A talk by the two friends undermines the history teacher when Kevin and Elias talk about the real legacy of the French monarchy questioning the historical merits. Was Our Revolution Indispensable? Here we are in front of two teenagers who discover that the Ancien Régime also had virtues that the Republican discourse had carefully pushed under the carpet. Perfectly documented, the scenario questions the determination of this group of young “chouans” who find themselves in the forest with a royalist teacher. The conspiracy of ideas and the restraint of everyone makes it a plausible signature. Just like the deaf rebellion of our main character who defends tooth and nail with his friend the presentation on the sociability of the Ancien Régime in front of a history teacher who refuses the argument that he considers irrelevant. And in the difficulty of finding answers. The shortage is there, visible in the sequence of questions in the teachers’ room. Cheyenne-Marie Carron’s film is just as ambitious as so many “wild” films already made. Free cinematography that asks questions. A fair film offered to us by this 43-year-old director. Self-taught. Who knew how to forge an entire place in the world of the 7th Art.