Les Enfants du Paradis

Ah ! Paris… Capitale de tous les cinémas. Et d’un film. Peut-etre le plus important de la première moitié de l’histoire du 7ème Art. Les enfants du paradis.

L’ouvrage de Carole Aurouet Les Enfants du Paradis chez Grémese décortique avec un plaisir gourmand, cette aventure unique qui regroupe un contingent de comédiens, Arlety, Maria Casares, Jeanne Marken, Jean-Louis Barrault, Pierre Brasseur, Pierre Renoir, Marcel Herrand, Louis Salou : que du beau linge fricotant sur le boulevard du crime. Et un décorateur aux petits soins, Alex Trauner, qui fera du quartier du Temple,  le partenaire complice de Garance. L’auteur Jacques Prévert à l’écriture et Marcel Carné à la réalisation. Ensemble, ils frapperont les trois coups d’un film donnant aux spectateurs du premier rang et au public du poulailler le goût d’une aventure théâtrale qui en fera un film reconnu, étudié, admiré. Saupoudré musicalement par le talent de Joseph Kosma. Une recette unique qui aujourd’hui encore éblouit nos regards. Les Enfants du Paradis reste un film à part. Bien plus qu’une empreinte laissée dans l’histoire du cinéma, c’est un sillon profond dans la cinéphilie qui n’en finit pas de nous interpeller. La raison en est peut-être que nous sommes face à un OVNI, un cinéma coincé dans les méandres de la Seconde Guerre mondiale avec laquelle les artistes et techniciens devaient composer en se serrant les coudes pour éviter les dénonciations… Un ciment social qui forgea également la légende du film tout comme son écriture. Voici donc, entre autres, les raisons d’un film unique, impossible à reproduire. Et l’on recherche, tels des archéologues la vérité sur l’édifice de ce chef-d’œuvre. Un film inclassable dont la légende a écrit qu’il était inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. La preuve n’a jamais été fournie, l’énigme garde son secret. Mais la question enflamme les esprits. Tout comme le contenu, riche, de l’ouvrage de Carole Aurouet. Une aventure au bout des mots, des photogrammes choisis avec soin, accompagnant, tout au long des pages, le cheminement du lecteur. L’auteure en pédagogue a su transmettre le plaisir et surtout la curiosité qui a mené sa recherche.  Vous voilà happé dès la première page de l’ouvrage. Explorateur vous devenez. Avec cette passion d’érudit, Carole Aurouet, en guide chevronnée nous fraye un chemin dans cette aventure tortueuse des Enfants commencé en 1943 et dont le tournage s’acheva en 1944 aux studios de la Victorine à Nice. Le public découvrira une première fois ce monument le 9 mars 1945 au Palais de Chaillot. Son visa d’exploitation sera délivré près d’un an plus tard, le 15 février 1946. L’aventure cinématographique des Enfants du Paradis commençait. Il faut maintenant découvrir au fil des pages, les méandres d’un film complexe qui, de par sa structure et sa longueur – plus de trois heures – présenté en deux parties “Le boulevard du crime” et l’homme blanc”, n’a pas fini de nous interroger.