Cliffhanger
Il y a quelques chose de réjouissant dans ce DVD, qui pourrait trouver facilement sa place au pied du sapin, celui du plaisir oublié. Retrouver les origines de la lanterne magique. Véronique Puybaret, la réalisatrice des Mystères de Paris y a certainement pensé. Comment pourrait-il en être autrement devant la belle prestation offerte deux heures durant (quarante épisodes de trois minutes). Une feuilletonnade qu’il faut regarder avec gourmandise. Préférez par chapitres avec l’impression de tourner la page à chaque clic. Effet Cliffhanger garanti.
Quelle est donc cette magie secrète qui nous laisse un goût enfantin dans le regard ? Un plaisir enfoui. Celui de l’histoire retrouvée. Du conte qui nous blottissait dans l’aventure avec ce sentiment qu’elle seule nous appartenait. Ce n’est pas la première adaptation des Mystères de Paris qui dès les origines du 7e Art se verront porter à l’écran. Les planches de théâtre en feront leurs choux gras dans les indispensables représentations à suspens, boulevard du Crime. Le trait appuyé pour mieux souligner la dramaturgie. Reconnaissons que c’est un beau début pour se sentir en connivence avec Eugène Sue ! Feuilleter les illustrations et les voir s’animer comme autant de scènes projetées lors des séances de lanterne magique. C’est là, il faut bien le reconnaître l’idée savoureuse de la réalisatrice qui nous offre ce plaisir entier. Il y a aussi, dans le décalage du temps, ce voyage dans un Paris perdu. Un Paris d’avant les grands travaux d’Haussmann. Les mauvaises langues ne disaient-elles pas que les nouvelles artères balafrant le Paris populaire n’avaient d’autre but que de créer des axes parfaitement rectilignes permettant de mater toute insurrection populaire à coup de canons !
Entre le décalage narratif, Philippe Lardaud excelle. De sa voix il nous entraîne d’un épisode à l’autre avec la même complicité. Hé oui, le spectateur le sait bien et fait sienne les roublardises proposées. L’anachronisme et le rappel de la banlieue comme héritière du souffle populaire. Des traces contemporaines qui font de ce travail, si particulier, une œuvre à part.
Mille fois tu remettras sur le métier... Un langage de « Compagnon ». Véronique Puybaret se l’approprie. L’outil cinématographique n’est pas celui que l’on imagine. Il est encore artisanal, loin des fonds verts et du numérique qui envahissent les écrans. Cette œuvre rejoint un cinéma qui coule dans les veines de l’artisan. Savoir dérouler un film sans l’obligation de se fondre dans un moule… C’est la grande réussite des Mystères de Paris.