les vagabonds du bonheur…

Une fois encore, mais on ne s’en lasse pas,  la Librairie du cinéma du Panthéon nous ouvre son espace. Rendez-vous avec Daniel Vogel, familialement complice de l’indispensable coffret Les frères Prévert contenant deux films emblématiques L’affaire est dans le sac (1932) et Voyage Surprise (1946) auxquels il faut ajouter Mon Frère Jacques que l’on doit à Catherine Prévert. Deux coffrets que l’on trouve chez Doriane Films. 

Prix :30 €

Prix 25 €

Les Prévert ont le mot en bouche et l’image à l’œil. Ils transcrivent les photogrammes comme autant de vers se perchant au gré du vent.  Un tic familial. Ils sont toutrois de connivence poétique. Trois ? Comment cela trois ? Et oui ! Pourquoi oublier Jean, l’aîné, décédé en 1915, pendant la Première Guerre mondiale. L’absence est une présence invisible, protégée à l’ombre des frères. Jean n’a jamais quitté Pierre et Jacques Prévert. Sans le percevoir, spectateurs que nous sommes, nous le ressentons en visionnant les films. Une parcelle invisible transpire entre les images et les dialogues. Ils sont bien trois Jean, Pierre et Jacques à nous offrir ce cinéma d’essence surréaliste. Particulier et qui sent bon le souffle de la liberté. Doriane Films nous propose deux coffrets qui, en ces temps troubles, nous permettent d’ouvrir les fenêtres en grand. Aérer l’atmosphère polluée de notre cerveau. Un remède contre nos esprits sclérosés. Respirez un bon coup. N’ayez pas peur de l’asphyxie, les embruns sont là. Deux films frais, jeunes malgré leur âge, avec une révolte libertaire au diapason du talent. Le coffret Les frères Prévert recèle deux pépites L’Affaire est dans le sac (1932) et Voyage Surprise (1946), deux films qui s’envolent dans un jaillissement de paroles et d’images. Tout est important dans la légèreté d’être. Filmer ou écrire, on ne choisit pas chez les Prévert. Tout se conjugue au même temps, par souci d’égalité. Une restauration à l’écoute des œuvres. Juste ce qu’il faut pour ne pas croire que les films sortent tout droit d’une centrifugeuse numérique. Le grain de l’image est là, tout comme la souplesse du noir et blanc. La trace du temps ne s’efface pas. Ce coffret contient également un livret de 66 pages. Vous y retrouverez un long entretien de Luce Vigo-Sand et Pierre Prévert (numéro 29 de Jeune Cinéma –  collectionneurs à vous de jouer !) suivi d’un passionnant texte de Daniel Vogel. Et une dernière partie richement illustrée de photos rares. Mon tout ne serait pas un coffret sans les bonus. Quatre films à déguster goulûment. Paris la Belle, Paris mange son pain, Le petit Claus et le grand Claus, La Maison du passeur. Ainsi va le cinéma. En attendant que les salles ouvrent à nouveau pour redécouvrir les Prévert sur grand écran, dressez chez-vous un drap blanc et allez-y d’une projection improvisée. Un voyage surprise, voilà ce que vous promet ce coffret. Et les surprises ravivent le moral. La mémoire n’est pas une simple affaire de souvenirs endormis mais bien une empreinte du temps. Le second coffret, Mon frère Jacques – comme la première phrase d’une comptine – s’inscrit dans cette approche. Les traces audiovisuelles d’une mémoire, celle des rencontres perpétuées par les Prévert. Mon frère Jacques : cette émission de la télévision belge produite en 1961 rend compte de l’homogénéité de leur travail. Un texte de Catherine Prévert (fille de Pierre) est joint au coffret. Chapitre après chapitre comme un livre d’images que l’on exhume avec précaution. Quinze au total pour ranimer les souvenirs et se les approprier.
Les frères Prévert et Mon frère Jacques : deux coffrets complémentaires et une complicité qui ne dit pas son nom. Ainsi ira votre curiosité pour retrouver les Prévert. Le retour du temps des cerises. A l’ombre des arbres en fleurs, les poètes guident nos pas. 

Ne pas oublier le numéro 406 -407 de Jeune Cinéma. Il vient de sortir. Avez-vous ressenti le plaisir de feuilleter une revue, de toucher le papier sous les doigts et de découvrir au fil des pages le dossier consacré aux Prévert ? A vous la richesse du contenu. Une revue sans pub, toujours aussi pointue cinématographiquement, cela ne court plus les rues, ni les cinémas. N’hésitez pas à pousser les portes des bonnes librairies pour demander le dernier numéro en date, voire compléter votre collection.