Maelstrom

Un petit air dans la tête, Juliette n’est jamais loin tout en filigrane dans ce film court et réjouissant. L’art du confinement appliqué au cinéma. Le champ-contrechamp n’a d’existence que si on se connecte à skype. Joseph Minster et Clément Schneider, les réalisateurs, l’ont mémorisé. Il faut alors conserver ces échanges comme autant d’empreintes de vies. Jouer avec, profiter de l’occasion pour s’offrir un scénario. Le challenge est relevé. Les auteurs de cette « performance », appelons le film ainsi, ce qui ne déplairait pas à certain artistes pluridisciplinaires, est offrir une vision narrative d’un moment imposé, débarrassée de toute grammaire. Un art brut en quelque sorte. L’épure du mouvement comme recherche de la sobriété. Un retour aux origines. Là où la caméra fixe se trouvait au « fameux cinquième rang du théâtre ». Vous êtes à la meilleure place. Celle des débuts du cinéma. Les primitifs comme renouveau. Les deux réalisateurs ont compris l’importance de l’immobilité du cadre. Ce qui renforce l’intensité du jeu des comédiens. Un plaisir naturel. Même dans les silences. Le confinement a permis à Joseph Minster et Clément Schneider de s’aventurer avec bonheur sur le chemin d’une écriture qui mine de rien est novatrice, en évitant la captation théâtralisée à la manière de la célèbre émission « Au Théâtre ce soir », voire pire des stand up qui se noient depuis peu sur le Net. Les auteurs nous offrent une balade autour de la préparation d’un mariage, d’une naissance, d’une engueulade. Une ribambelle de personnages, certains parleront de tribu. Un cocon en tout cas. Une signature humaine. Presque une atmosphère de science-fiction. Nous baignons dans un futur proche. 2022 et le Covid est toujours là, endossant le premier rôle. Les réalisateurs jouent du coude pour raconter une histoire elle-même prisonnière du carcan pandémique. Si on vous parle de la forme, c’est pour que vous appréciez mieux le fond et particulièrement le jeu des acteurs, tous au diapason de cette aventure qui dépoussière sympathiquement un maniérisme entretenu. Nous sommes jusqu’au dernier plan du film dans une liberté de montage qui fait du bien. Il aura donc fallu un confinement pour sentir la fraîcheur d’un courant d’air, pour bousculer nos regards trop impatients ? Et de l’herbe et des fleurs et de l’eau de Joseph Minster et Clément Schneider est à découvrir dès maintenant sur VIMEO. Un film mis en situation par ce grand donneur d’ordre qu’est le Covid dont les auteurs ont déjoué les malices ! Voici donc les prémices d’un nouveau langage, mettant à mal celui du Vieux monde. Mais sommes-nous vraiment dans une nouvelle époque ?
 
Avec : Étienne Durot, Julie Roux, Édith Proust, Nathan Bernat, Angèle Peyrade, Bellamine Abdelmalek, Lucia Sanchez, Francis Leplay, Robert Cantarella, Rémi Fortin, Marie Bray
Scénario, Production & Réalisation : Joseph Minster, Clément Schneider / Montage : Alice de Matha / Montage son & Mixage : Clément Laforce / Effets visuels : Emmanuel Fortin, Hüssam Korkut / Étalonnage : Noé Mercklé / Graphisme : Clément Valette