MGM

Amazon se veut le roi du monde. Dans un dernier safari, il capturé le plus célèbre des lions. Léo. Le vieux roi était-il si fatigué qu’il laissé un épicier, courtisan sans scrupules lui planter un couteau dans le dos. Un dernier rugissement à faire frémir de plaisir les spectateurs et la MGM ne sera plus que l’ombre d’une bande annonce. Le jeu des chaises musicales ne date pas du XXIe siècle. Pendant tout le premier siècle de l’histoire du 7 Art, le regroupement des Majors se faisait dans le microcosme cinématographique, sans bruit. Un entre-soi économique et d’entente pas toujours cordiale. Il en est tout autrement aujourd’hui. Les GAFA se veulent le nombril du monde, bousculant avec goujaterie la bienséance instaurée. Quelle sera la prochaine Major à passer sous la coupe d’un Facebook voire d’un Netflix assoiffé de reconnaissances culturelles ? Les hyènes rodent sur Sunset Boulevard attendant patiemment le faux pas d’un mastodonte épuisé. Tout est bon à prendre, surtout le catalogue. Ces milliers de films que l’on pourra déverser en ouvrant les robinets à images. Le trop tue et rend indigeste la fragilité historique du 7e Art. Avec ce refus de réduire le débit en traitant le film comme un programme de flux. N’est-ce pas la meilleurs façon de redistribuer les cartes ? Avec la fin espérée du COVID, les salles, malgré le retour des spectateurs, auront du mal à tenir le choc face aux coups de butoir des Netflix and Co dont les priorités ne se projettent plus forcément sur grand écran. Combien d’entre-elles mettront la clé sous la porte ? Les GAFA ne s’y sont pas trompés, les salles ne les intéressent pas ou si peu ! C’est devenu le point faible. Le pouvoir d’attraction est encore présent (on ne gomme pas d’une signature de chèque une histoire ancrée dans le XXe siècle avec ses rituels et ses stars) construit par des écrits, des festivals, des courants de pensées d’influences multiples. Un croisement artistique qui faisait dire dès 1923 au critique italien Ricciotto Canudo que le cinématographe était un art au même titre que la peinture ou la musique. Le 7e Art est né d’un manifeste, à Paris, dans une salle de cinéma. Tout comme la littérature le cinéma a su construire le panthéon de ses œuvres. Une manne convoitée par tous les prédateurs. Aujourd’hui, quatorze mois après le début de la pandémie, l’essoufflement d’un retour improbable à la normale sclérose le monde du cinéma. D’autres habitudes ont été prises et si beaucoup reprennent le chemin des salles, il n’en reste pas moins que la cartographie a été modifiée.