Millefeuille

Le millefeuille est une gourmandise que l’on trouve encore chez certains pâtissiers bien nés. Voilà un produit feuilleté, longuement préparé, crème pâtissière à l’appui. Saupoudré de sucre amendé voire nappé d’un glaçage. Ses origines lointaines (1) n’empêchent pas sa longévité. Mille-feuille est parfois employé comme terme argotique signifiant un livre, un journal, une revue que l’on trouve à quelques encablures de l’office, dans une librairie. Celle que le monde du cinéma et les passionnés du 7e Art fréquentent, La Librairie du cinéma du Panthéon. Une librairie en résistance (c’est la dernière librairie parisienne consacrée entièrement au cinéma). On s’y sent chez soi, l’accueil n’y est pas pour rien. Hervé et les stagiaires savent vous guider. Laissons notre regard voguer au fil des tables et  découvrons ce que l’on ne croyait plus possible. Un OVNI venu d’une autre époque. La revue de cinéma. Celle de la cinéphilie… Et autres, nous savons tous que le cinéma est un tout. Elles sont si nombreuses qu’une large table ne suffit plus à les contenir. La renaissance est-elle due au manque ? Salles fermées, plus de films… Il faut reconstruire avec des mots les édifices fantasques que nous offre encore le 7e Art. Le cinéma donc. Voguons entre le jurassique et les mondes d’après. Pas moins de 28 revues. Nous en oublions certainement en chemins. Étrangères et françaises, alignées sur une même table, dans l’égalité de leur découverte. Si nous devions commencer, nous feuilletterions naturellement les revues qui ont fait l’histoire de la cinéphilie. Les Cahiers du Cinéma et Positif. Rien n’existerait sans elles ! Elles-même, héritières de revues plus anciennes, comme La Revue du Cinéma, Le Film français… Une aventure qui commença en 1924 sous la houlette de Jean Tedesco qui pour soutenir sa revue Cinéa-Ciné pour tous loue le théâtre du Vieux Colombier et le transforme en cinéma pour y diffuser les films qu’il défend, devenant ainsi la première salle à proposer des œuvres rares et d’avant-garde. Un lien direct sous forme de ciné-club entre une revue et des films choisis. Le cinéma aime les mots pour le décrire. Il suffit d’ouvrir Jeune cinéma fondée par Jean Delmas en 1964 pour s’en convaincre. Le souffle garde en héritage l’esprit libre du ciné-club que Jean Vigo créa à Nice en 1930, Les Amis du Cinéma. L’aventure peut s’interrompre au son du clap de fin. Nombreuses revues ont jalonné un temps la réflexion sur l’histoire du 7e Art avant de disparaître. Ecran, Lumière, Présence du cinéma, Cinématographe… Sur la table du 15, rue Victor Cousin, 75005 Paris, la relève est là, plus thématique reflétant les fractures que subit le cinéma. Apaches, quel autre nom à donner à l’indépendance. Un héritage toujours renouvelé, celui du plaisir d’écrire sur le cinéma. Petit cri, format carré. La publication parle de cinéma mais son approche, par de nombreux collages, ne déplairait pas aux surréalistes. Elle a des allures de livre d’art. Un objet non identifié interdit au moins de 18 ans : L’insatiable consacré au cinéma érotique à travers la série B mais uniquement du cinéma grec. Changement de continent avec la revue Otomo tenue par un Français. Magazine de la culture pop nippone. Le cinéma d’animation, naturellement, mais aussi futuriste. Même le passé est dans l’avenir. Les mangas ne sont jamais loin. Un autre registre qui a pris de l’importance : le documentaire. La revue iDOC créée en 1993. Chaque numéro est consacré à un où une cinéaste. Une somme d’informations souvent unique qui peut ravir les universitaires. Continuons à parcourir cet inimaginable présentoir. Un saut de puce pour découvrir Eclipses : belle revue semestrielle, à thème unique, rassemblant quelques belles plumes. Une vingtaine de signatures par numéro. A noter le dernier invité, Michel Ocelot. Décadrages comme son titre l’indique est une revue qui fait un pas de côté. Le hors champs n’est jamais loin. Quoi de mieux pour analyser avec recul. Une revue qui ouvre le débat, sans jamais le clore. L’Écran fantastique est un mensuel connu dont les pages sont réservées aux passionnés d’un genre qui a trouvé ses lettres de noblesses grâce à L’Écran. Une actualité filmique qui a souvent été reléguée dans les salles spécialisées comme le Stix ou le Midi-Minuit. Précisons que la revue est à l’origine du Festival International du film fantastique au Grand Rex. Si nous devions clore (provisoirement) cette liste à la Prévert, nous le ferions par le début. Une date : 1895. L’année du commencement. Nom d’une revue de recherche publiée par l’Association française de recherche sur l’histoire du cinéma. Tout est écrit. Trois numéros par an et une somme d’informations unique sur l’histoire du 7e Art. Ainsi va la collecte. Elle est loin d’être terminée.  Rendez vous à la librairie pour découvrir le trésor des revues présentées. Profitez-en pour jeter un œil là où sont exposées quelques pépites des temps oubliés. Cinémonde, Mon Film, Le Film complet… Des journaux ancrés dans une histoire, celle du cinéma. Demandez le programme.
 
(1) Deux dates, 1651. Une création du cuisinier François Pierre de la Varenne décrite dans son Cuisinier François. Ouvrage qui traîne dans les cuisines aristocratiques. Plus proche de nous, en 1867, le célèbre cuisinier Adolphe Seugnot le remet au goût du jour dans sa pâtisserie de la rue du Bac à Paris.

pourquoi se priver de ce qui est bon ? Une recette parmi d’autres du MilleFeuille (deux orthographes possible) où Mille Feuilles, classique des classiques à la crème pâtissière.
Préparation 30 mn, cuisson 20 mn. Comptez 50 minutes avant de déguster devant un bon film, par exemple La cuisine au beurre de Gilles Grangier qui réunit Fernandel et Bourvil… ou alors La Graine et le Mulet d’Abdellatif Kechiche avec Habib Boufares, Hafsia Herzi, Farida Benkhetache, un dernier Le Festin de Babette de Gabriel Axel avec Stéphane Audran… Le liste est longue. Mais avant aux fourneaux.
LES INGREDIENTS pour 4 personnes : 300 g de pâte feuilletée, 1/2 l de lait, 4 jaunes d’œufs, 100 g de sucre semoule, 40 g de fécule de maïs, 1 gousse de vanille, un peu de sucre
LE GLAÇAGE : 200 g de sucre glace, 40 g de blanc d’œufs, 1 c. à café de cacao non sucré

PRÉPARATION : Préchauffez le four th.6 (180°C). Préparez la crème pâtissière : mettez le lait à bouillir avec la gousse de vanille. Dans un saladier, mélangez les jaunes d’œufs, le sucre et la fécule de maïs. Retirez la vanille du lait bouillant, puis versez-y votre mélange en remuant jusqu’à épaississement. Laissez refroidir. Étalez la pâte feuilletée sur 2 mm d’épaisseur et découpez 3 rectangles (même surface) . Piquez la surface à l’aide d’une fourchette et saupoudrez d’un peu de sucre. Enfournez pendant 15 mn. Je préfère ajouter 5 mn (20 mn)  pour une pâte dorée et croustillante. Alternez couches de feuilletage et couches de crème pâtissière. Posez le dernier feuilletage.
Le glaçage : Dans un saladier, fouettez légèrement le blanc d’œuf puis ajoutez le sucre, fouettez énergiquement. Prélevez 2 c. à soupe de ce mélange et placez-les dans un autre bol. Incorporez-y le cacao pour le colorer et mélangez bien. Versez le glaçage chocolaté dans une poche à douille très fine.
Remplir une poche a` douille. Versez le glaçage blanc sur le mille-feuille, étalez-le uniformément à l’aide d’une spatule et lissez bien. Tracez les lignes parallèles sur toute la largeur du gâteau avec le glaçage chocolat, comme pour des rayures. Personnellement je me contente de saupoudrer le sucre glace au glaçage… Dégustez aussitôt pour garder le croquant. Bon appétit.