Patti Smith

Les années Daguerréotype

L’hôtel Chelsea à New York. Monument à lui tout seul, planté au 222 de la 23e rue Ouest, en résonance « cosmique » avec Patti Smith. Elle y a séjourné avec le photographe Robert Mapplethorpe. Nous sommes en 1967 et les vibrations sont en accord avec la contre-culture et les marches contre la guerre du Vietnam. L’Underground d’Andy Warhol et les poèmes d’Allen Ginsberg  hantent les couloirs traversés par Patti. Mais à l’époque on ne savait pas encore que les fantômes existaient. Patti Smith, musicienne, aiguise son oreille musicale au son du rock et de la déchirure punk, fréquente le groupe MC 5 et épouse Fred « Sonic » Smith le bassiste. Poétesse et admiratrice de Rimbaud et William Blake dont elle fait de nombreuses lectures publiques. Elle ne cessera pas de noircir ses calepins avant de les mettre en musique déchirant les années disco de sa hargne. Elle trempe sa plume et écrit plusieurs ouvrages dont Just Kids en 2010. Son autobiographie. En 2017, suivant son instinct littéraire, elle achète une maison à La Roche, le village de Rimbaud. Un an après la célébration de L’année du Singe. Trace écrite en hommage à ses 70 ans. Elle souffle les bougies avec les mots. Une année singulière parsemée de chapitres courts et d’autant de photos. Un an de réflexion et de rage. 70 ans et le rock plein la tête. Une écriture courte. Descriptive comme Kerouac. L’essentiel pour ne pas se perdre, laissant aux lecteurs-trices le désir de s’accaparer l’entre-phrase. Le non-dit comme révélateur de poésie. Les mots sont des armes non-létales autrement plus destructrices pensait Rimbaud, à juste titre. Elle célèbre l’imaginaire et les bouleversements, celui de ces amis décédés. Le choc des années Trump. Oú sont-ils les troubadours des années Woodstock ? Personne ne peut répondre aux temps qui changent. L’année du singe vient d’être réédité chez Folio.