Pour Pier Paolo Pasolini

Rencontre informelle avec JEAN DUFLOT à la Librairie du cinéma du Panthéon…

The idea is good. This reissue (2016) of Jean Duflot’s interviews with Pier Paolo Pasolini at Éditions A, in more ways than one, a Savoyard publishing house, awakens our sleeping memory. Complete book with an accomplice journey. A singularity that goes far beyond the list of Pasolini films. Perhaps because one feels in reading, this precarious balance, whole that was the life of the scenario writer. Reflection of a cinematographic world today buried in the tasteless standards of creation. Pier Paolo Pasolini became a filmmaker through poetry. Poets, don’t you wield the power of words like making a film? Screenwriter, actor, playwright, director. From the chills of the Italian ultra-left Pasolini draws his respectability, tracing his life in excess. The word is there, sometimes reluctantly. He gives himself up, offering a modern perspective to today’s gaze. Understand, that what you have in your hands is a travel guide to the future: 1970. And yes, the words of a contemporary artist, whole. The filmmaker does not share genres. Being a director for Pasolini is part of the political movement of society. You cannot dissociate art from politics. It took Jean Duflot patience and time to tactfully transcribe this journey through the “words” of cinematography. The traces are there, sinuous. Like so many pictorial touches. Unless it is, once again, a mythological journey, initiation will say others. But surely a face to face with the gods that the author of Medea is familiar with. All the force of this interview is there in the unspoken ones which are lodged between the sentences. We must therefore accept, as a reader, to be enchanted to better understand Pier Paolo Pasolini’s complex relationships with politics, and their shaping in his films. It is a whole. Twenty-three films and one murder later, Italian and European cinemas are still in want, shattered by mourning. Normality has something violent, it rots the individual. Absence is a matter of privateer, buccaneer, free man. Death is only a refuge. Filmmakers know this, as do actors whose hopping image remains eternal. Film Pasolini! Work and make your films discover the upheavals of a society that never ceases to have hiccups. Jean Duflot’s maintenance book dissects this funny modernity almost 50 years old and which is still as scary today.

L’idée est bonne. Cette réédition (2016) des entretiens de Jean Duflot avec Pier Paolo Pasolini aux Éditions A plus d’un titre, maison d’édition savoyarde, éveille notre mémoire endormie. Livre complet au cheminement complice. Une singularité qui va bien au-delà de l’énumération des films de Pasolini. Peut-être parce que l’on ressent en lecture, cet équilibre précaire, entier qu’a été la vie du cinéaste. Reflet d’un monde cinématographique aujourd’hui enfoui dans les normes sans saveur de la création. Pier Paolo Pasolini est devenu cinéaste par la poésie. Poètes, ne maniez-vous pas la puissance des mots comme l’on monte un film ? Scénariste, comédien, auteur de théâtre, réalisateur. Aux frissons de l’ultra gauche italienne Pasolini puise sa respectabilité, traçant sa vie dans la démesure. La parole est là, parfois à contrecœur. Il se livre, offrant au regard d’aujourd’hui une perspective moderne. Comprenez, que ce que vous avez entre les mains est un guide de voyage vers l’avenir : 1970. Et oui, les paroles d’un artiste contemporain, entier. Le cinéaste ne fait pas le partage des genres. Être réalisateur pour Pasolini s’inscrit dans la mouvance politique de la société. On ne peut pas dissocier l’art de la politique. Il a fallu à Jean Duflot de la patience et du temps pour transcrire avec tact ce voyage au travers les “mots” de la cinématographie. Les traces sont là, sinueuses. Comme autant de touches picturales. A moins que cela soit, une fois encore, un voyage mythologique, initiatique diront d’autres. Mais sûrement un face à face avec les dieux que l’auteur de Médée tutoie. Toute la force de cet entretien est là dans les non-dits qui se logent entre les phrases. Il faut donc accepter, en tant que lecteur, de se laisser envoûter pour mieux comprendre les rapports complexes de Pier Paolo Pasolini au politique, et leur mise en forme dans ses films. C’est un tout. Vingt-trois films et un meurtre plus tard, les cinémas italien, européen se retrouvent encore en manque, brisés par le deuil. La normalité à quelque chose de violent, elle pourrit l’individu. L’absence est une affaire de corsaire, de flibustier, d’homme libre. La mort n’est qu’un refuge. Les cinéastes le savent, tout comme les acteurs dont l’image sautillante reste éternelle. Filmez donc Pasolini ! Œuvrez et faites découvrir par vos films les soubresauts d’une société qui n’en finit pas d’avoir le hoquet. Le livre d’entretien de Jean Duflot décortique cette drôle de modernité vieille de près de 50 ans et qui fait toujours aussi peur aujourd’hui.