Quai de scène (Louis Jouvet)

FILMOGRAPHIE INCOMPLÈTE MAIS  INDISPENSABLE

Knock, ou le triomphe de la médecine (1933) Film de Roger Goupillières et Louis Jouvet
Knock (1951) Film de Guy Lefranc

20 ans sépare les deux adaptations de Knock. A signaler que celle de 1933 est co-réalisé par Louis Jouvet

Topaze (1933) Film de Louis J. Gasnier
La Kermesse héroïque (1935) Film de Jacques Feyder
Les Bas-fonds (1936) Film de Jean Renoir
Drôle de drame (1937) Film de Marcel Carné
L’Alibi (1937) Film de Pierre Chenal
Hôtel du Nord (1938) Film de Marcel Carné
Entrée des artistes (1938) Film de Marc Allégret
L’École des femmes (1940) Film de Max Ophüls
La Charrette fantôme (1940) Film de Julien Duvivier
Volpone (1941) Film de Maurice Tourneur
Quai des Orfèvres (1947) Film de Henri-Georges Clouzot

La biographie de Louis Jouvet (1887-1951) proposée par Olivier Rony est une aventure réjouissante au même titre qu’en a été la vie tumultueuse de l’acteur. Breton de naissance, Louis Jouvet prendra le théâtre comme nationalité. L’aventure commence enfant après la mort de son père. Élevé par la famille très catholique de sa mère, il est destiné à la pharmacie. Un chemin tout tracé pour cet étudiant brillant. La petite musique des planches est pourtant bien là dans sa jeune tête d’adolescent. Avoir entendu de si nombreuses fois « Le théâtre est un métier honteux » ne le décourage pas ; bien au contraire, cela le galvanise. La bohème est une aventure beaucoup plus grisante que l’arrière d’une officine ! On sauve aussi les gens par le théâtre. Louis Jouvet a la gueule de l’emploi. Sa silhouette sculptée par la lumière, on ne l’oubliera plus. Ni sa voix ni son intonation traînante. Des mots en bouche comme autant de grands crus qu’il affectionne et qu’il offre au public. Classiques ou contemporains, peu importe s’ils sont servis avec justesse. Il affûte le verbe, cisèle les dialogues avec malice. Louis Jouvet sait ce qu’il doit à son professeur d’art dramatique, Louis Leloir. Trois fois il essaye le conservatoire, trois fois il échoue ! Ce qui ne l’empêchera pas t’entendre résonner les trois coups du « Brigadier » des coulisses ! Combien de rôles majeurs à son actif ? Lui écrira dans ses mémoires : deux ! Que Deux, alors que vous êtes prêt à parier que Louis Jouvet est l’acteur au mille rôles, tellement il nous a baladé sa silhouette de tréteaux en films. Omniprésent, voilà le mot pour le meilleur du théâtre et du 7e Art. Deux rôles donc ! Celui d’Arnolphe dans L’École des femmes. Personnage qui l’influença toute sa vie d’acteur et celui de Knock. Une rente viagère. N’est-ce pas la pièce qu’il remettait en salle lorsque les finances de sa troupe étaient au plus bas ? A noter que la première adaptation cinématographique de la pièce de Jules Romains (1933) est co-réalisée par Louis Jouvet et Roger Goupillières. La seule incursion de Jouvet dans la réalisation d’un film.  La version de 1951 est signé Guy Lefranc (à qui l’on lui doit l’adaptation et la réalisation de plusieurs San Antonio). Le cinéma est une affaire de goût. Et l’homme cultive cette découverte avec malice. Plus d’une trentaine de films à son actif. Pourtant, les planches restent l’ADN de Louis Jouvet. Il le doit à une rencontre, celle de Jacques Copeau, directeur du théâtre du Vieux-Colombier, dont Jouvet devient le bras droit. Il sait ce qu’il veut l’interprète de Volpone. Il veut l’indépendance. Chef de troupe. D’une tribu diront certains. Un compagnonnage évoqueront d’autres. Une itinérance qu’il faut arrêter. Où poser les valises et avoir enfin son territoire comme scène de représentation ? Cela sera à l’Athénée, après un détour au théâtre de Pigalle. La biographie d’Olivier Rony vogue au rythme de cette aventure humaine entre théâtre et cinéma, tempête et brise. Si Louis Jouvet en est le capitaine, l’aventure reste humaine et sociale dans l’attachement à ses auteurs, à sa troupe. De Molière à Jules Romains, il gravera les répliques. Aucun fardeau, rien d’autre que l’honnêteté du devoir accompli d’un artiste toujours présent.