LA BELLE ÉQUIPE
Le temps est celui de la vie. D’une projection peut-être. Défendre l’intégralité d’un combat et celle de la dignité citoyenne. Le premier film de fiction de Gilles Perret, Reprise en main, est un manuel de survie en milieu capitaliste, surnager dans les eaux de la finance et devenir « jaws ». Prédateur pour sauver une entreprise de décolletage, de mécanique de précision en Haute-Savoie, le pays de l’horlogerie. Un fonds financier a l’appétit glouton est en embuscade. Le patron de l’antenne française se voit déjà calife à la place du calife, collabo sur les bords. Il se frotte les mains le gaillard en se demandant combien d’ouvriers hautement qualifiés il va falloir dégager pour alléger l’entreprise et qu’elle soit économiquement présentable aux nouveaux investisseurs. Voilà un possible scénario de lutte prêt à être filmer par Gilles Perret. Une aventure sociale à l’optimisme volontaire qui fait du bien et qui comme souvent au nom de la réal-cinématographie, se termine dans les choux du désespoir en fredonnant les lendemains qui chantent. Que nenni braves spectateurs ! Ici pas de fin pessimiste chez l’auteur de Debout les Femmes. Il nous invite à respirer une bouffée d’air hautement sociale. Une roublardise digne des Pieds Nickelés. Humer de plaisir cette aventure dans laquelle on pourrait reconnaître cette Belle équipe de Julien Duvivier. Mais ici pas de seconde fin. Il faut aller au bout, au bout du rêve. Et c’est la grande force du film. L’espoir accessible avec le détournement des outils du capital. Ce n’est pas le seul, l’humour est là comme arme de poing soutenant le message politique sans l’alourdir. Un cinéma où la caméra semble prendre autant de plaisir que les spectateurs à comprendre les rouages économiques d’un montage financier qui permettra le rachat de l’entreprise. Mais on apprend aussi avec justesse que les alliances n’existent pas pour les loups. Et qu’il ne faut surtout pas faire confiance aux gueules d’ange aux phrasés complices. Ici, l’aventure humaine se conjugue avec le plaisir et l’émotion. Cédric et ses potes d’enfance, mousquetaires font basculer les certitudes du monde des finances. Un pour tous, tous pour un.