Toc ! Toc ! Esprit es-tu là ?
Il y a l’image, la parole et le psychanalyste. Plan poitrine en ouverture. Le verbe clair de Roland Gori est le fil rouge du film de Xavier Gayan. Spectateurs, nous le tirons avec précaution au rythme du documentaire. L’énigme du film est celui du sphinx questionnant ceux qu’il croise. Vous public. Une interrogation en apesanteur, d’un poids politique que certains confrères du psychanalyste lui reprochent. Tout est politique ? Pourquoi pas, l’analyse psychanalytique des faits sociaux devrait-elle être hors du champ de réflexion ? Naturellement non. Roland Gori a raison. Et qu’importe si ses confrères se complaisent dans l’unique territoire de la psyché. Il y a un tout, que l’on ne peut pas remettre en question, celui de la vie. Et la vie, Roland Gori essaie de la restructurer dans son ensemble, psyché et sociale, humaine et violente, culturelle et la pensée. En un mot, militante. Le documentaire dérange. Pas nous, public qui avons le regard bienveillant et l’ouïe attentionnée. Mais à un establishment immuable auquel aujourd’hui il faut ressembler. La métaphore a du bon. Vous savez ce sparadrap qui colle sur le doigt du capitaine Haddock et ont il essaie désespérément de se débarrasser. C’est un peu cela, se débarrasser des idées toutes faites. Des idées préconçues qui sclérosent la pensée. Faire table rase de l’immobilité. Le film de Xavier Gayan a cette pudeur militante, jamais accentuée, de nous ouvrir les portes du labyrinthe social. Tout n’est pas qu’une affaire (même si elle est primordiale) de revendication et de négociation. On oublie la traîtrise des mots, les comportements, les embrouilles parfaitement manipulées dans les négociations. Des pièges que l’on ignore sur lesquels la psychanalyse apporte des éclairages. Un film de réflexion qui nous interroge face à la sauvagerie du libéralisme et de son indispensable rentabilité. Faut-il parler de compétitivité et de ces dégâts collatéraux ? C’est en filigrane dans le film et cela suffit aux spectateurs pour comprendre à travers les traits d’humour (ils sont nombreux) de Roland Gori de l’importance de la démonstration. Film à faire découvrir.