Soutien de famille

Diogène n'aurait pas fait mieux

Il y a de la mythologie que ces aventuriers empruntent. Une volonté constructive. Un peu de folie aussi, que n’aurait certainement pas renier Ulysse. Éole et Neptune étaient de la partie, Bacchus attendait loin de son Olympe natal. Ils étaient là, présents, défiant la volonté des réalisateurs Maxime Berthou et Matk Pozlep. L’odyssée est singulière : remettre à flot un rafiot à l’histoire ancestrale. Soutien de Famille, cela en dit long sur la nature sociale de ce navire de pêche. Rejoindre l’Écosse !
Il faut être artiste, troubadour ou avoir un projet bien ancré en tête qui mérite de bousculer les Dieux. Une coque de noix de six mètres et la volonté affichée de ces moussaillons d’eau douce qui contre les éléments et les moqueries de quelques sophistes accosteront à bon port en Ecosse après 733 miles de turpitudes et multiples ancrages. Le courage et la naïveté font bon ménage, ils nettoient les doutes sous la houle. Nos flibustiers auront raison de tous. Et le projet à l’originalité surprenante devient acte de création. Le bateau, dont la coque a été rafistolée avec  soin, n’évitera pas en pleine mer de jouer des coudes avec les seaux pour ne pas prendre l’eau. Il faut donc du courage, de la détermination et un sens de la fraternité pour arriver au but. L’énigme est là. A quoi peut bien servir ce rafiot en terre écossaise ? Doit-on l’avouer ? Il s’agit de whisky. Le bois – du chêne – qui le temps de la traversée s’imbibera de l’eau de mer à cœur servira, une fois le navire « désossé », à la fabrication de deux tonneaux qui recevront le nectare. Voilà le film écrit. Il reste à le découvrir et à voguer. Le documentaire est une oeuvre que l’on pourrait assimiler à une création picturale. Il y a d’abord le cadre, plans d’extérieurs parfaitement maîtrisés. La rigueur a pour objectif de structurer le récit. Le consolider pour permettre à son cœur de battre. Comprenez, ces moments de navigation ballottés par les flots et filmés dans un champs contre-champs au rythme des vagues. Les protagonistes se passant mutuellement la caméra. La proximité est également reconnue, filmée dans la pénombre de la cabine apprivoisée retrouvant ainsi les compagnons d’Ulysse dans la précarité de L’Odyssée. Ainsi est construit le film, au rythme d’une traversée que des esprits trop frileux désapprouvèrent. Saluons la réussite sans que l’on oublie ce troisième compagnon, la voix off. Narratrice et responsable de notre plaisir de spectateurs. L’harmonie est cohérente avec l’identité de ce film qu’il faut défendre.