Un arrière-goût de déjà vu

Kit Carson. BD petits formats de années 60…

10 mai 1933 : la nuit des autodafés nazis La destruction massive de livres par les étudiants allemands reste encore aujourd’hui l’un des symboles les plus connus du totalitarisme 

NUIT CRISTALLINE

A croire que le ciel leur est tombé sur la tête. Voilà un pays que l’on croyait plus intelligent que son grand voisin pour éviter l’écueil et ne pas tomber dans le panneau.  Et bien non, plutôt deux fois qu’une. Remarquez en France, il y en a bien quelques uns qui s’en sont pris à Colbert, la stature historique du bonhomme était peut-être trop lourde pour la déboulonner de ses fautes ? Voilà que Le Canada se met lui aussi à faire des feux de joie. La voix de la chercheuse Suzy Kies a raisonné haut et fort, à en déranger un troupeau de caribous. La consultante du Conseil scolaire catholique de Providence qui englobe plus de trente écoles primaires catholiques et établissements secondaires francophones de l’Ontario a jeté l’anathème sur plus de 200 auteurs de livres pour la jeunesse. Environ cinq mille ouvrages destinés aux enfants et jeunes adolescents ont été détruits. Jetés à la benne à ordures, enterrés voire brulés. Images pouvant rappeler d’autres…  Même très récentes dans d’autres contrées. On brûle des livres au nom du “geste de réconciliation” avec les autochtones. Que pensent les natifs, d’Astérix, Lucky Luke, Tintin et autres petits camarades. Que dire du roman tiré du film Avatar ? Deux cent ouvrages jugés néfastes dans le wagon de la purification. “La gardienne du savoir”  n’est pas plus Huron qu’un Français peut-être Sioux. Plus royaliste que le Roi cette chercheuse a étonné son monde et particulièrement la porte-parole du Conseil scolaire catholique (CSC) Providence, Line Cossette, qui croyait Susy Kies de descendance indienne. Mais non ! Mais le mal est fait et les images restent. Bandes dessinées, romans, encyclopédies ont été brulés dans plusieurs cérémonies “dites” de purifications. Un geste qui se veut de réconciliation. Effacer les représentations injurieuses et autres caricatures néfastes. Cérémonies filmées et diffusées aux enfants dans  un but éducatif. Réjouissons-nous que les cendres de ces ouvrages  servent d’engrais pour planter des arbres et ainsi enterrer les cendres de la discrimination et du racisme. Un bel enthousiasme qui pourrait rappeler les premières pages sombres du nazisme en 1933. Le contexte est naturellement outrageusement exagéré tout comme les bandes dessinées mises au bûcher pour ne pas avoir respecté dans l’humour les peuples natifs. Qu’en sera-t-il des films ? La liste est longue pour les purificateurs de tous poils.