Une fois que tu sais

Ce n’est pas parce que l’on ignore si la sortie du premier film d’Emmanuel Cappellin, prévue le 10 marssera effective que l’on ne doit pas en parler. Plus même, le défendre ! Le réalisateur nous écrit une lettre. Franche, sans détour. Fini le temps des palabres. Il se confie comme si nous étions amis depuis toujours. Il y a dans cette franchise une égalité qui fait du bien. A moi, à vous, aux autres, à tous ceux qui pensent que nous sommes dans la dernière ligne droite avant la catastrophe. Il n’est pas question ici d’un environnement complotiste dans lequel barboteraient quelques revêches en mal de fin du monde. La disparition de l’humanité n’est pas à l’ordre du jour. Ce qui l’est par contre :  la survie. Le titre et des plus clairs UNE FOIS QUE TU SAIS, on le sait. A nous de jouer, si vous le voulez bien. Nous avons toutes les cartes en mains, enfin celles qui nous n’avons pas brûlées inutilement. Le documentaire nous propose de ne pas rester spectateurs, assis sur notre cul. Avec énergie, il nous secoue comme un cocotier. Le film parle aux adultes, aux citoyens-nes que nous sommes, responsables et coupables de cette parcelle écologique de chacun de nous. De cette terre dont nous sommes propriétaires. Vous pourrez lire tous les bouquins de SF que vous voudrez, fantasmer sur les voyages interstellaires, il faudra retourner sur terre et être réaliste. Il n’y a pas d’autres planètes à moins de milliers d’années-lumière. Fuir comme un lâche n’est pas possible. Alors retroussons nos manches. En huit ans (il a fallu ce temps pour réaliser le documentaire) la dégradation environnementale est filmée en temps réel. Visible dans cette petite décennie. Décryptée par des climatologues et spécialistes de l’énergie, la recherche d’Emmanuel Cappellin s’est enrichie de sa propre démarche en refusant de rester spectateur de son travail. Nous voyons son cheminement tout au long du film, de l’interrogation à la responsabilité. Une prise de conscience qui ne date pas de la mise en chantier du documentaire, mais de ses études universitaires au Canada. Une approche transversale de l’écologie qui deviendra le lien du film. Un fil de la pelote que l’auteur tire sans lenteur, avec précision depuis son village de Saillans (Drôme). L’ancrage pour sillonner le monde. C’est peut-être là que réside toute la puissance du film. Ne jamais oublier la terre d’où l’on vient. Ce premier film d’Emmanuel Cappellin est de signature militante, il ne s’en cache pas. Le battement de cœur d’un auteur qui a fait ses premières pas avec Frédéric Back, militant écologique reconnu au Canada, pour devenir ensuite le chef opérateur de Yann Artus-Bertrand. Un chemin de piste qui nous en dit assez pour comprendre la démarche pédagogique d’Emmanuel Cappellin et l’importance accordée à l’échange avec le public. UNE FOIS QUE TU SAIS est à découvrir en salle. Contrairement à beaucoup, le réalisateur refuse, jusqu’à présent, que son documentaire sorte sur une plate-forme numérique. C’est aussi cela le militantisme, savoir attendre la réouverture pour découvrir le film en salles, et pour l’instant nulle part ailleurs.