UNE VACHE ET SON PRISONNIER

Le cinéma aime le théâtre pour y avoir, dès ses origines, puisé dans son patrimoine et pour y nourrir un cinématographe naissant. Plus rare est l’inverse. Alors profitons de l’aubaine. Frottons nous les mains. Nous sommes face à un conteur – Jean-Baptiste Gillet – qui manie le verbe avec la dextérité d’un filou qui aurait, pour notre plus grand plaisir, capturé les mots (maux) d’un film que près de  neuf millions de spectateurs ont vu, en son temps,  sur grand écran. On ne parle pas ici des multiples rediffusions TV dont certaines colorisées – Il faut rappeler que le film est à l’origine en noir et blanc -.  Henri Verneuil signe son premier grand succès public, La vache et le prisonnier avec Fernandel . En salle 1959. Ce film offre au comédien marseillais une forme de rachat, offrir au public,  quatorze ans après la fin de la guerre, une forme de méaculpa. Jean-Baptiste Gillet endosse (sans le porter physiquement) la tenue de prisonnier. Prisonnier il l’est ! Et par sa gouaille il se libèrera, chansons en tête de La vache et le prisonnier,  pour offrir une œuvre originale. Le comédien nous parle d’un film qui révèle bien des secrets, de ses accotés peu glorieux – comme souvent -. Le cinéma est ainsi fait, – de légendes – qu’il offre à ceux qui veulent bien tendre l’oreille , des versions différentes et souvent contradictoires. Un film de mots ! Le 7e Art est sonore et les dialogues ont souvent autant d’importance que l’image. Peut importe votre choix, Jean-Batiste Gillet nous livre un plaisir rare. Celui de croire que l’imaginaire est plus vraisemblable que la réalité représentée. Au fait on ne vous a pas parlé de Marguerite, la célèbre vache, peut-être la vraie star du film, dont ce n’est pas son vrai nom, coquette la vache ! Pas plus que le jeu en fin de représentation où vous pouvez gagner une “vache” ! La convivialité fait partie du lot ! Gommer le film qui est en vous et venez découvrir ce plaisir (je me répète) des mots qui libèrent vos sens…  A découvrir au festival OFF d’Avignon du 5 au 26 juillet à 17h au MON BAR, 17 rue Portail Matheron, le 31 juillet au Festival l’art est dans le pré à la Scène Faramine (89), le 31 et 1er septembre au Festival Paradisio à Flagy (77)