William R. Burnett

Prix : 9,80€

LES RUES SANS SOMMEIL

Il y a des films qui se lisent comme des romans. Il y a des romans qui se regardent sur grand écran. William R. Burnett possède ce don particulier d’écrire pour les deux sans faire de jaloux. Tout le plaisir est pour nous. Little Caesar fait partie de ces joyaux tout comme le scénario de Scarface réalisé par Howard Hawks en 1932 ou encore celui de La Grande Évasion nommé par la Writers Guild of America que John Sturges tourna en 1964. William R. Burnett, né à Springlield en 1899, trempe sa plume dès 1929 dans la noirceur de la cité. Tous ses romans garderont l’anthracite comme couleur de fond. Son oeuvre la plus célèbre, Quand la ville dort, en est le parfait exemple. La gamme de noirs y est infinie, collant aux nuances des personnages du récit. Les héros sont socialement épuisés. La mouise reflète la couleur luisante des pavés à la nuit. Tous les personnages pourraient sortir d’un film de Tod Browning : Gus le petit bossu, Dix le solitaire, tueur à ses heures, Doll l’entraîneuse vieillissante qui n’attend plus rien, le patron, enfin, qui a l’air de ne pas avoir l’air. Le Big boss en somme. Des rêves plein la tête mais le nez dans le caniveau. Un casse aux dividendes généreux pour se sentir à la hauteur. Quatre mousquetaires soudés contre le reste de la nuit. L’ouvrage de William R. Burnett n’est pas un roman moral mais sauvage. Les sentiments sont absents de la description de la ville, cette jungle de bitume qui court le long des pages. La poisse et les rencontres comme autant de traîtrises. Il en faut de la haine pour arriver à monter ce maudit casse. Vertigineux et sans concession. C’est à qui tirera son épingle de ce fumier. Le roman de William R. Burnett sera adapté au cinéma en 1950 par John Huston ouvrant la voie à un genre qui fera les beaux jours du thriller : les films de casse.