Nanar en série

à la joie du nanar (c'est l'été)

Loin de nous à pourlecinema.com, de faire une attaque en règle contre  Mystère à Saint-Tropez, le film de Bernard Benamou qui vient de sortir avec Christian Clavier, Thierry Lhermitte, Benoit  Poelvoorde, Gérard Depardieu…. Dans des rôles en leur temps tenus par Pierre Tornade, Paul Préboist, Aldo Maccione, Darry Cowl et Michel Galabru cachetonnant par jour de tournage… Un cinéma que l’on a trop vite enterré et qui pourtant ravit nos yeux blasés (comment est-ce possible ?), où les comédiens le plus souvent en roues libres s’amusaient comme des fous sans aucune arrière-pensées. Des films en apesanteur, lestés du poids de la critique et du carcan de la bienséance cinématographique et reconnaissons-le, souvent du sens artistique… Un genre à part entière. Le NANAR. Et l’affiche du film de Nicolas Bénamou n’est pas sans nous rappeler quelques pépites, comme Plus beau que moi, tu meurs de Philippe Clair  ou encore Arrête de ramer, t’attaques la falaise ! signé Michel Caputo. Le cinéma français est jalonné de ces petites pierres blanches qui nous mènent sur quelques sentiers égarés. Des  films qui n’avaient comme seul but que de dérouler sur une heure trente des gags lourds et déclencher un rire sans prétention. Des facéties clownesques. Un certain cinéma français que l’on croisait sans y prêter attention, tellement éloigné de la cinéphilie bon teint. Cachez- moi ce cinéma graveleux que nous ne saurions voir. On a beau fermer les yeux, se boucher les oreilles,  mettre une main devant la bouche pour éviter les petites contrariétés devant ces affiches sans talents, ces films existent. Quitte à chagriner les dédaigneux qui les rejettent d’un revers de main, il y a un public. Vous et moi, lui, l’autre… Ayons toujours en tête cette expression souvent entendue : ” Tiens et si on allait se faire une toile… Quelle connerie allons nous voir ce soir…” On est entre potes… Dans une salle impossible à  décrire puisque détruite aujourd’hui. Sommes-nous là pour le film, pour la déconnade ? Les deux vont ensemble. Entre nous et le film, la même connivence. Le nanars français a du bon et s’inscrit pleinement dans notre patrimoine cinématographique.  Il y a même une forme de délectation à visionner un de ces chefs-d’œuvre sans prétention  à l’humour aussi lourd que du plomb. Nous ne sommes pas les seuls à faire dans la « grosse cavalerie ». On imagine sans peine ce film fantastique L’Attaque de la moussaka géante du réalisateur grec Panos H. Koutras. On peut y ajouter un remake avec Michel Galabru qui ne fait qu’entrouvrir la porte de La Dernière bourrée à Paris signé Raoul André (1973), à noter la performance de Francis Blanche. Drôle de cinéma que l’on bonifie avec l’indulgence du temps. Le nanar vogue sur les genres avec facilité. Rien ne lui résiste. Des réalisateurs comme Max Pécas revendique haut et fort leurs choix assumés, ils s’en défendent même, jusque dans le titre : Le Roi du navet ! La reconnaissance vient du mouvement situationniste qui détourne des films kung fu pratiquement invisibles au début des années 70. Quelques titres à faire bondir les défenseurs du politiquement correct Nous y en a “riz” le bol, ou encore Ça Branle dans les bambous mais le plus connu reste sans conteste La dialectique casse-t-elle des briques ? Nous pourrions aussi parler d’un genre trop rarement abordé en France et qui fait le délice d’un Jean Rollin : le fantastique. Le Frisson des Vampires (1970), Lèvres de sang (1975), Le Masque de la méduse (2010). Si aujourd’hui tous les films cités sont rarement visibles en salle, voire disponibles en DVD, cela ne veut pas dire qu’ils soient invisibles. Les gardiens du temple veillent et actualisent leur blog. nanarland-blog.com/ Piochez pour le plaisir de retrouver des films dont les seules conséquences sont les rires qu’ils peuvent déclencher aujourd’hui. Il y a dans tout cela du clown triste. Un cinéma à côté de la plaque diront certains. Peut-être ! Mais un cinéma qui existe.