Il faut des rencontres pour que naissent un film comme ZIYARA. Le hasard ne fait pas partie du scénario. Lire et avoir un déclic. Comment vient-il ce besoin ? Peut-être en tournant les pages d’ouvrages d’érudits, d’anthropologues. Des repérages ensuite. Humer la terre, sentir l’odeur de la poussière et voir. Inviter la curiosité. Il y a chez Simone Bitton toute l’affection que les portraitistes portent à leurs modèles. Le respect devant les confidences face à la caméra. Ainsi se fait le film. Par touches, entre silence et regard. La caméra nous mène à construire notre propre chemin. Nous découvrons au fil des haltes, derrière les murs, des héros discrets, indispensables vigiles de la mémoire. Ici nous ne côtoyons que des hommes et des femmes debout. Fiers.es dans leur modestie. Les témoignages sont tous logés à la même enseigne. Le filage est là dans la beauté des rencontres. On se sent bien dans le film. Le documentaire nous apprend que l’on ne se défait jamais de ses racines. Qu’il est bon de revenir sur les pas du passé. Il vous tient par la main, vous rappelle à l’ordre. Oublier ! C’est perdre ses origines. La réalisatrice Simone Bitton remonte les divers chemins de son histoire. A travers la recherche de la tombe de sa famille, c’est celui du patrimoine commun entre juifs et musulmans au Maroc que l’on découvre. Il y a 650 saints juifs enterrés au Maroc, 150 sont partagés, c’est-à-dire reconnus par les deux religions. Un bien commun. L’essence du film est là. Dans ce long « pèlerinage » sur les routes secouées. Découvrir les lieux et ceux qui les gardent. Les héros aux mille visages. Musulmans gardiens de la mémoire juive. Ainsi s’inscrit l’itinéraire de la documentariste. Un voyage au bout de l’humain.