ESPIONS

Faut-il avoir peur des espions ? Tout dépend de quoi et de qui on parle. C’est la seule vraie question qu’il faut avoir en tête en allant découvrir l’alléchante exposition de la Cinémathèque française TOP SECRET : Espionnage et Cinéma. Tout y est. Et l’on se surprend à fredonner en pénétrant dans les salles le thème emblématique de Monty Norman, arrangé et orchestré par John Barry. Il est dans toutes les têtes. James n’est pas mort ! Nous y sommes, il ne reste qu’à démêler le vrai des fantasmes… Ne croyez pas que cela soit si simple ! Le temps de la fiction et du réel se conjuguent ensemble pour le plus grand plaisir des auteurs et du public, cinématographiques et littéraires. Il faut se perdre dans les méandres de l’imaginaire. Même si, il faut bien le reconnaître, les stéréotypes ont la vie dure. Le monde du renseignement n’en finit pas de bouger aux rythmes sismiques de la géopolitique. Depuis Charles Louis Schulmeister, l’espion personnel de Napoléon 1er, l’agent enfile le costume de l’époque dans les pas de la modernité du XXe siècle et ses deux guerres mondiales, du conflit Est-Ouest et de l’après-11 septembre. Un terre que le 7e Art ne pouvait pas laisser en friche. Beaucoup de réalisateurs se sont frottés à l’imaginaire, les plus grands écriront quelques chefs-d’œuvre d’autres contribueront à la saga 007. Hitchcock, Lang, Mankiewicz, Clouzot, Huston, Eastwood. Schlesinger, Edwards, Desplechin, Hazanavicius, sont aussi dans le générique de la cinémathèque. Vingt films à découvrir jusqu’au 27 novembre, plusieurs temps forts sont à noter : le 19 novembre à 14h30, dialogue avec Arnaud Desplechin et Frédéric Bonnaud, le même jour à 16h parcours Double jeu avec la visite guidée de l’exposition et atelier d’analyse de films avec un conférencier et le 20 à 14h30, Le Rideau Déchiré d’Alfred Hitchcock puis dialogue avec Arnaud Desplechin. Le cinéma aime les espions, les espionnes troublantes et les jeux de pouvoirs et d’échecs. Les dislocations politiques, les coups foireux. Les tyrans, les sociétés secrètes, les pays paradisiaques, les univers glauques. Un tout plus où moins bien maîtrisé dans un genre devenu majeur dans les sixties pour s’effilocher dans les années 90  après l’effondrement du mur de Berlin. Même le plus célèbre des agents aura du mal à rebondir. Entre nanar et virtuosité, l’exposition n’oublie rien de cette essence populaire, et surtout pas les instruments hautement secrets que l’on retrouve au détour de beaucoup de films et qui cohabitent dans l’exposition avec les modèles ayant servi sur certains terrains d’investigations. Un monde secret qui flirte entre vraisemblance, Mata Hari, voir l’Affaire Ciceron et un cinéma que l’on retrouve également dans les contreforts des années Bond, avec l’adaptation de L’espion qui venait du Froid. Reconnaissons-le, l’espionnage est un genre conçu comme une aventure dont chaque bas de pages nous conduit dans l’attente de l’épisode suivant. C’est d’ailleurs là, la grande réussite de l’exposition, feuilleter chaque espace comme autant d’aventures…