Mac Mahon

Rendez-vous dans la célébrissime cinéma Le Mac Mahon avec Bruno Vincent Directeur d’exploitation et programmateur de la salle

Le Temps cinématographique

Il a la gouaille d’Antoine Doisnel, la banane d’Eddy Mitchell, la dernière séance est son credo. Pas celle de la chanson qui a illustré l’émission du grand Schmoll. Non, il veille à ce que la salle du mythique cinéma reste ouverte aux vents des cinéphiles. Bruno Vincent, directeur d’exploitation et programmateur du Mac-Mahon est homme de mémoire. Il arpente le cinéma avec les années qui vont avec. Et partage avec les fantômes du Mac-Mahon la passion du temps figé sur l’écran. Une vraie complicité dans ce scintillement qui fait naître les passions. Gardien de l’un des derniers temples du  7e Art, il trimbale avec lui les souvenirs dont il est le dépositaire. Il est partageur Bruno. Il sait avec gourmandise – à ceux qui ont l’oreille – énoncer quelques anecdotes sur le cinéma et la turbulence des spectateurs. C’est l’histoire d’une salle née en 1938 après avoir été un temps cabaret. Piaf y aurait chanté. Les murs ont de la mémoire que n’entendent pas forcément les spectateurs. Écoutez et regardez. Les films projetés font partie de la mémoire des grands studios d’Hollywood, du cinéma néo-réaliste italien, de l’aventure de la Nouvelle Vague, des films oubliés. Mais Jean-Pierre Melville reste le cinéaste français pour qui le programmateur à toutes les faiblesses. Les films du patrimoine international trouvent refuge dans cette salle, comme un îlot isolé dans une programmation de masse. Le cinéma Mac-Mahon résiste comme d’autres aujourd’hui aux coups de boutoir de la déréglementation et de l’assaut des plates-formes.
À y regarder de plus près, cette salle située au 5/7 avenue Mac-Mahon, isolée, ne laisse pas indifférent. A quoi est-ce dû ? Á son entrée « rétro », à l’annonce des titres de films en lettres rouges sur le fronton. Au nombre de places certainement. 120 fauteuils pour une convivialité assumée. Il suffit de pousser la porte et de s’installer confortablement dans les profonds fauteuils pour s’imprégner de l’atmosphère. Naturellement, il faut avoir l’oreille cinématographique. Être un peu médium. Ils sont venus, ils étaient tous là ! Le cinéma Mac-Mahon résonne encore des murmures que Bruno Vincent avec précaution réanime le temps d’une séance.