Le Choix d’ALI

Narrative flexibility isn’t just about style. Nor does it, in its relative ease, cerebral exercise. The writing flies, for those who have control, between the fingers like spring water. Thus certain scenarios have this ease which makes the film fluid as a childhood story can be. Amor Hakkar’s latest film is part of this exception. The narrative simplicity in no way prevents the relational complexity between the protagonists. Sober in the approach, as in the suburban decor which seems to be placed like these wall hangings serving as decor for the trestle theaters. Amor Hakkar’s cinema is a cinema of actors and situations. Homosexuality in a family of Muslim faith is the fabric. Ali returns to the family fold after learning about his mother’s stroke. A return that he apprehends. Silence consumes his despair at not being accepted for what he wants to live. Here begins the learning of the gaze of the other. Leaving his city to live his feelings with Eric in the anonymity of the capital is one thing. Having the courage to retrace your steps in your city of Besançon is another. The film has this silent violence of refusal. He knows it Ali. He is no longer part of this world. His efforts will be in vain. Ali is marked by sin. Nothing will do, even this moment when he accompanies his father to the mosque. The father is proud to have his son close to him. He becomes a man. Too short a grace period. Ali, weightless, looks nothing like those who are anchored in the city. The film however has a feminine look. That of the sister, Fatima. She observes. Accepted. But does she forgive her brother? Her sensitivity on the surface conceals the discomfort in the making. So goes the crystal clear film of Amor Hakkar. It flows through our spectators’ veins with respect. The film must be seen. Do you need a reason to move? The work is respectful of human value. And it’s not its only quality!

La souplesse narrative n’est pas seulement une affaire de style. Pas plus d’ailleurs qu’elle rejoint, dans sa facilité toute relative, l’exercice cérébral. L’écriture file, pour ceux qui en ont la maîtrise, entre les doigts comme l’eau de source. Ainsi certains scénarios ont cette aisance qui rend le film fluide comme peut l’être une histoire enfantine. Le dernier film d’Amor Hakkar fait partie de cette exception. La simplicité narrative n’empêche nullement la complexité relationnelle entre les protagonistes. Sobre dans l’approche, comme dans le décor de banlieue qui semble être plaqué comme ces tentures murales servant de décor aux théâtres de tréteaux. Le cinéma d’Amor Hakkar est un cinéma d’acteurs et de situations. L’homosexualité dans une famille de confession musulmane en est la trame. Ali revient dans le giron familial après avoir appris l’AVC de sa mère. Un retour qu’il appréhende. Le silence ronge son désespoir de ne pas être accepté pour ce qu’il désire vivre. Ici commence l’apprentissage du regard de l’autre. Partir de sa cité pour vivre ses sentiments avec Eric dans l’anonymat de la capitale est une chose. Avoir le courage de revenir sur ses pas dans sa ville de Besançon en est une autre. Le film a cette violence muette du refus. Il le sait Ali. Il ne fait plus parti de ce monde. Ses efforts seront vains. Ali est marqué par le péché. Rien n’y fera, même ce moment où il accompagne son père à la mosquée. Il est fier le paternel d’avoir son fils près de lui. Il se fait homme. Un temps de grâce trop court. Ali, en apesanteur, ne ressemble en rien à ceux qui sont ancrés dans la cité. Le film a pourtant un regard féminin. Celui de la sœur, Fatima. Elle observe. Accepte. Mais pardonne-t-elle à son frère ? Sa sensibilité à fleur de peau recèle le malaise en devenir. Ainsi va le film limpide d’Amor Hakkar. Il coule dans nos veines de spectateurs dans le respect. Le film doit être vu. S’il faut une raison pour se bouger ? L’œuvre est respectueuse de la valeur humaine. Et ce n’est pas sa seule qualité !